Jorge Carrascosa, l'argentin qui a refusé d'être le "Gran Capitan"
Photo: ©Masahide Tomikoshi/Tomikoshi Photography
Jorge Carrascosa
Jorge Omar Carrascosa
Né le 15 août 1948 à Valentín Alsina (ARG)
Argentin, Défenseur gauche, 1m68
Surnom: "El Lobo"
30 sélections, 1 but
(Matchs amicaux: 21 sélections, 1 but)
(Coupe du Monde: 2 sélections)
(Copa Newton: 1 sélection)
(Copa Del Atlantico: 4 sélections)
(Copa Carlos Dittborn: 2 sélections)
1ère sélection : le 22 octobre 1970 contre le Paraguay (1-1)
Dernière sélection : le 31 août 1977 contre le Paraguay (0-2)
Excellent latéral gauche de Rosario Central et Huracan dans les années 70, Jorge Carrascoca obtient sa première sélection avec l’Albiceleste en 1970, participe à la Coupe du Monde en 1974 et devient capitaine l'année d'après. Rien de transcendant. Sauf qu'un jour, le protégé de Menotti décide de tout arrêter avec sa patrie brusquement, quelques mois avant le Mondial à domicile, à la fois par refus d'être soumis à la dictature militaire et par dégoût des perversions du foot... Par ce geste, il s’aligne avec ce qu’il est au plus profond de lui et avec ce qu’il croit être juste. Un acte héroïque qui le fera entrer plus tard dans la légende et dans le cœur des Argentins.
Formé chez les Taladros, sur les collines de Zamora, ce joueur de couloir originaire de la banlieue de Buenos Aires qu'on surnomme "El Lobo" ("le loup" en espagnol) devient champion d'Argentine sous les couleurs du Rosario Central en 1971 puis avec les Blanc et Rouge d'Huracan en 1975, aux côtés d'une génération exceptionnelle composé de René Houseman, Omar Larrosa et Miguel Brindisi le tout dirigé par un certain César Luis Menotti, qui prend les rênes de l'équipe nationale après l'échec de la Coupe du Monde 1974 en RFA. Si le 24 mars 1976, l'Argentine s'offre une belle victoire en match amical face à la Pologne à Chorzów, avec le brassard au bras pour Jorge, au même moment, à des milliers kilomètres, la junte militaire renverse le gouvernement d'Isabel Perón et instaure un régime autoritaire qui perdurera jusqu'en 1983. Le nouveau dictateur Jorge Rafael Videla cherche à punir tous les opposants et notamment les guérilleros marxistes. Des milliers d'enlèvements, des tortures et exécutions dans les centres de détention ...
Photo: ©DR
C'en ai trop pour le défenseur argentin. Déjà dégouté par l'argent, la corruption, le dopage et les implications politiques dans le monde du ballon rond, le coup d'état est la goutte d'eau qui fait déborder le vase. Après avoir mûrement réfléchit, il ne veut plus mettre les pieds en sélection, officiellement pour raisons personnelles. En 1977, le joueur à la moustache impeccable met donc prématurément fin à sa carrière avec l'Argentine. Un choix qui n'est pas du goût du coach "El Flaco" qui s'efforce jusqu'au dernier moment de le faire revenir sur sa décision. La veille de la publication des 22 joueurs retenus pour participer à l'évènement majeur, César prend son téléphone pour lui proposer une énième fois de faire partie de l'aventure. Sans succès, Carrascosa persiste et signe: "Physiquement et techniquement j'étais très bien, mais psychologiquement, tu dois aussi être en forme et ce qui se passait me rendait malade. Je ne pouvais pas jouer et m'amuser", explique-t-il.
Un geste considéré par certains comme "communiste" et "antipatriotique". Au yeux de beaucoup de monde, c'est un traître. L'ancien internationale calme les ardeurs de certains. "il y a des choses beaucoup plus importantes qu’un match de football. Le foot, ce n’est pas la famille, ni la patrie, ni la vie, juste un sport dans lequel vous devez gagner ou perdre avec dignité." C'est donc le légendaire Daniel Passarella qui soulèvera le trophée du Mondial 1978, remis des mains du général Videla, au Monumental. Il a donc renoncé à être le "Grand Capitaine", le premier argentin à brandir la coupe tant attendu. Un an après, à tout juste 31 ans, Jorge Carrascosa raccroche les crampons à Huracan. Une fin précoce en accord avec la vie d’un homme qui n’a jamais couru après la célébrité. D'ailleurs, si il ne regrette rien de son geste, il restera toujours très discret sur cette décision forte prise en 1977, ne révélant que des décennies plus tard les raisons de son sacrifice.
PALMARÈS
Vainqueur de la Copa Newton en 1975 (Argentine)
Vainqueur de la Copa Carlos Dittborn en 1974 (Argentine)
Finaliste de la Copa del Atlántico en 1976 (Argentine)
Champion d'Argentine en 1971 (Nac.) (Rosario Central) et 1973 (Met.) (Huracan)
Vice-champion d'Argentine en 1970 (Nac.) (Rosario Central), 1975 (Nac.) et 1976 (Nac.) (Huracan)
Inscrivez-vous au site
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 1334 autres membres