Gunnar Andersson
Gunnar Andersson
Karl Gunnar Andersson
Né le 14 août 1928 à Arvika (SUE)
Décédé le 1er octobre 1969 à Marseille (FRA)
Suédois / Français, Attaquant, 1m75
Surnoms: "Gunnar de Säffle", "10h10", "Monsieur 50%"
B: 1 sélection
À l'Olympique de Marseille, avant Josip Skoblar, avant Jean-Pierre Papin, il y a eu Andersson. Gunnar Andersson. Un attaquant suédois dont la vie n'a pas besoin d'être romancée tant elle a été riche en rebondissements. Arrivé par hasard dans un club d’un pays inconnu, il est passé du statut de réserviste à celui de héros inoubliable. Un héros inoubliable finalement aussi vite oublié qu’il était adulé. Né le 14 août 1928 du côté de Säffle, petite ville de Suède suspendue au lac de Vänern, il est surnommé "Gunnar de Säffle", parce qu'il était trop difficile de différencier tous les Gunnar présents dans sa classe. Plus tard, le joueur fait le bonheur des équipes de jeunes, puis de l'équipe première du IFK Åmål dans lesquelles il enchaîne les buts à un rythme effréné. Au point d'attirer les recruteurs du grand club suédois IFK Götebörg, qui lui offre un contrat à 21 ans dans l'idée de remplacer un autre Gunnar, Gren, parti faire le bonheur du Milan AC. À l'époque, le football suédois n'est pas encore professionnel. Plombier dans le civil, ce joueur plein d’avenir touche 25 couronnes par match. Bien plus que les 15 couronnes que touchent alors les meilleurs joueurs du pays. Trop pour les têtes pensantes du football suédois, qui ne jurent que par l’amateurisme. Gunnar veut partir. Alors qu’il effectue son service militaire, il décide de faire le mur pour disputer en Espagne un tournoi avec le KB Boldklub, club de Copenhague triple champion du Danemark en titre. C'est à Barcelone, durant ce tournoi célébrant les cinquante ans du club catalan, qu’il est repéré par Willy Wolf, l’entraîneur du Stade Français. Son club n’en profite cependant pas. C’est Louis-Bernard Dancausse, président de l'OM, qui fait main basse sur le joueur. Dans le train Paris-Marseille en janvier 1951, Andersson n’arrive cependant pas à destination. Deux hommes invitent le Suédois à descendre en gare d’Avignon, avant de l’emmener dans une Traction avant noire. Direction un hôtel discret proche de la Canebière dans le plus grand secret. Leurs intentions? Obtenir des informations. Les deux hommes sont en réalité deux journalistes du Soir et souhaitent une exclusivité sur l'arrivée de ce nouveau joueur à l'OM. Car Gunnar Andersson est toujours considéré comme un déserteur dans son pays. Arrivé en Espagne sous une fausse identité, il faudra sept mois de démêlés administratifs pour la régularisation de sa présence sur le sol français. Et Dencausse doit dépenser dans l'affaire plus de quatre millions de francs de l’époque. C’est ainsi qu’il peut enfin, à 23 ans, jouer sous le maillot phocéen et découvrir la folie d'une ville qui lui plaira bien plus que prévu. Il est immédiatement surnommé du peu flatteur sobriquet de "10h10" par ses coéquipiers en raison de sa démarche de canard. Mais c’est de ses pieds plats et écartés que viendra le salut. Il se voit attribuer un petit nom bien plus sympa: "Monsieur 50%". Car au fur et à mesure que les saisons passent, Gunnar prend l'habitude d'inscrire plus de la moitié des buts de l'Olympique de Marseille. En effet, ses pieds en dedans ne l'empêche pas d'enfiler les buts comme des perles. Du pied droit, du pied gauche ou de la tête, l'attaquant trouve toujours le chemin des filets dans n'importe quelle position. En 249 rencontres avec l'OM, il inscrit 194 buts, dont 2 quadruplés, 10 triplés et 34 doublés. Dans les chiffres, sur les huit saisons qu'il passera sur le front de l'attaque marseillaise, Andersson n'en connaîtra pas une seule à moins de 19 buts. En 1952, il est également devenu le premier joueur de l'OM à être meilleur buteur du championnat grâce à ses 31 buts en saison régulière. La même année, il sauvera même les Phocéens d'une relégation grâce à deux buts inscrits en barrage. Mieux, il offrira au club phocéen une troisième place de D1 en 1956. C’est également cette année-là qu’il connaît celle qui restera comme sa première et unique sélection en équipe nationale. Et c’est avec la modeste équipe de France B! À l’instar de son compatriote Gunnar Nordhal, légende du Milan AC, Andersson est privé de sélection suédoise, le règlement international interdisant d’appeler des joueurs évoluant à l’étranger. Naturalisé français en 1956 grâce à Gaston Deferre, il est attendu par beaucoup comme le successeur en Bleu de Raymond Kopa, récemment parti au Real Madrid. Il n’en sera rien. Loin d’être rayonnant lors du match France B-Italie, Andersson est sur le déclin. Trop gentil, trop attachant, trop proche des supporters qui l’adulent, il a le tort de découvrir que le lait, sa boisson favorite, peut être facilement remplacé par le pastis, cette "petite boisson jaune distillée par le diable" comme il l'écrit dans une lettre envoyée à sa mère. L’ambiance chaleureuse régnant autour de lui fait le reste. En 1958, son sens du placement et son coup fétiche – crochet du gauche et frappe instantanée – ne suffisent plus à pallier sa piètre condition physique. Le grand Andersson n’est plus et dans son sillage, l’OM ne se maintient qu’à la dernière journée, laissant le FC Metz descendre à la différence de buts uniquement. La gloire de Gunnar Andersson est passée. Finalement, à cause de son hygiène de vie, il quitte le club en 1958, à 30 ans. Après quelques piges dans d'autres clubs français, il est peu à peu oublié et met un terme définitif à sa carrière en 1964, à 35 ans. Mais son amour pour la spécialité locale à base d’anis a fini par le tuer. Sa carrière terminée, il devient docker puis plaque tout pour passer derrière le comptoir d'un bar à Paris. Dans la dèche et sans domicile fixe, il traîne et dort dans des stations de métro. Puis revient près de la Canebière d'un air décidé. "Si je dois finir dans le ruisseau, je ne veux pas que ce soit à Marseille..." Retrouvé mort à seulement 41 ans, à l'automne 1969 devant les locaux du quotidien "Le Provençal", où il venait de récupérer des places pour le match de Coupe des coupes de l'OM contre le Dukla Prague au Vélodrome, il n'a même pas pu exaucer l'un de ses derniers vœux, emporté par un mode de vie noyé dans ses mauvais penchants. Mais il était Gunnar Andersson le Grand. Et il le restera.
PALMARÈS
Finaliste de la Coupe de France en 1954 (Marseille)
Vainqueur de la Coupe Charles Drago en 1957 (Marseille)
DISTINCTIONS PERSONNELLES
Meilleur buteur du championnat de France en 1952 (31 buts) et 1953 (35 buts) (Marseille)
DIVERS
- Le 5 septembre 1954, à la suite d'un pari perdu avec ses amis, il boit dix pastis d'affilé avant de jouer un match de championnat avec l'OM contre Roubaix. Nullement décontenancé, Il file au match et inscrit un hat-trick en moins de quinze minutes. Victoire 5 buts à 2. Le lendemain matin, il ne se souvient plus de rien. Parce qu'avant d'être un homme avec un penchant pour la boisson anisée, Gunnar Andersson était un buteur d'exception.
SOURCES/RESSOURCES
- 1ère et 2ème photo: ©Collection personnelle Famille Andersson
VIDÉO
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