Laurent Roussey, le phénomène gâché
Photo: ©Le Progrès
Laurent Roussey
Né le 27 décembre 1961 à Nïmes (FRA)
Français, Attaquant, 1m79
2 sélections, 1 but
(Matchs amicaux: 2 sélections, 1 but)
1ère sélection : le 6 octobre 1982 contre la Hongrie (1-0)
Dernière sélection : le 10 novembre 1982 contre les Pays-Bas (1-2)
B: 1 sélection, 1 but
À la fin des années 1970, Laurent Roussey a été, avec Laurent Paganelli, un des premiers petits princes du football français. Mais le revers de sa précocité lui est revenu rapidement en pleine face.
Pourtant tout avait bien commencé. Repéré très tôt à l'âge de 13 ans, c'est bien Saint-Etienne qui se pressent pour le recruter du côté de Nîmes où a été formé le jeune Laurent. Arrivé dans l'effectif professionnel de l’ASSE lors de la saison 1977-78 en même temps que Paga, il dispute son tout premier match professionnel à 16 ans sous le maillot Vert, détenant l’espace de quelques mois le record de précocité en championnat de France avant d’être dépassé par son compère de club. L'ex-prodige français est aussi le second plus jeune buteur de l'histoire de la D1, derrière le lensois Richard Krawczyk, trouvant le chemin des filets face à Monaco (défaite 3 buts à 1), le 21 avril 1978, à l'âge de 16 ans, trois mois et 26 jours. Jeune prodige, il est unanimement salué comme le grand joueur de demain. Bien classés en championnat, les Verts amorcent les années 80 comme leur décennie, et le buteur stéphanois fait partie des projets d'avenir. Pour Laurent Roussey, tout va très vite.
Sa première saison chez les professionnels, le phénomène plante également en coupe de France contre Sochaux (2-2). Le championnat, la coupe nationale ne lui suffisent pas. Le gamin fait des apparitions en coupe d’Europe. Il participe notamment, en marquant, à la fête du 6 buts à 0 contre le PSV Eindhoven lors de la saison 1979-80. La saison suivante, il est même l’auteur d’un fabuleux triplé contre Angers (5 buts à 0). Au bout de trois saisons à faire ses preuves comme joker, il est promu titulaire pour la saison 1980-81. À 19 ans seulement, il éclate enfin, et s'offre le titre de champion de France. Cette année-là, il apparaît 36 fois et inscrit 12 buts.
Photo: ©Le Progrès
Dans la foulée, il est appelé en équipe de France, avec laquelle il honore deux capes, se payant au passage le luxe d'inscrire un but pour sa première sélection en match amical contre la Hongrie. Tout va pour le mieux pour le nouvel international mais la malchance le guette. Victime d'une vilaine blessure au genou, il disparaît des terrains durant de longs mois et n'apparaît que treize fois cette saison-là. Jamais il ne retrouvera son élasticité et son explosivité. Malgré l’affaire de la caisse noire, il reste fidèle aux Verts pour essayer de revenir à son meilleur niveau. Affaibli par des blessures récurrentes, et déjà sans doute usé après avoir démarré aussi tôt, il ne parvient pas à retrouver son niveau. Il termine avec une dernière saison triste ou il joue tout de même 26 matchs mais où les Stéphanois ne terminent que 14ème bien trop loin des sommets de la D1. Au total, il a joué 139 matchs et inscrit 46 buts entre 1977 et 1983, toutes compétitions confondues avec le maillot de l'ASSE.
Il quitte ensuite le Chaudron pour rejoindre le Toulouse FC. Outsider sérieux en championnat, le club de la cité Rose semble être l'endroit parfait pour se relancer. Malgré la présence dans l'effectif de son frère Olivier, il ne parvient pas à se refaire une santé potable, son genou l'empêchant de totalement s'exprimer. Au bout de deux saisons chez les Violets, il est cédé sans regrets à Toulon... Arrivé sur la rade, il retrouve son ancien collègue prodige stéphanois, Laurent Paganelli aussi désarçonné que lui. Malheureusement, son genou le fait toujours autant souffrir et l’empêche de retrouver ses sensations. C’est du banc qu’il regarde l’attaque Toulonnaise qu’il était sensé former avec Delio Onnis. Il se croit définitivement perdu pour le football et décide de tenter un come-back dans les Cévennes, à Alès. Tentant d'apporter sa pierre à l'édifice, il ne jouera que quelques matchs, toujours en délicatesse avec son genou. Le club échoue en barrages de D2 aux tirs au but face à Caen. À titre personnel, il décide de quitter l’Hexagone où il semble irrémédiablement cramé pour effectuer une pige en Suisse. Il signe alors au Lausanne-Sport, où débute l’une des futures stars du football suisse: Stéphane Chapuisat. Malheureusement, l'Helvétie ne lui réussit pas plus que la France. Il revient par la petite porte au bout d'une saison et signe au Red Star pour un dernier challenge. Pour lui, le temps des exploits est déjà passé. Une énième blessure au genou clôt sa carrière de joueur à seulement 29 ans si bien entamée et assez mal fignolée. Comme son compère Paganelli, au moment de se retourner sur son parcours sportif, un constat s'impose: le grand prodige des années vertes n'a pas eu le rayonnement qu'il aurait du avoir. Et il a toujours dit: "j'aurais préféré être moins précoce et jouer quinze ans en pros." Mais le passé est le passé. Déçu sans doute d’être toujours catalogué ex-espoir déchu, il coupe dans un premier temps les ponts avec la France pour entraîner à la Réunion. Durant quatre ans, il va s’occuper du club de St Pauloise avant de faire son retour en catimini en métropole à Rouen. Après diverses expériences d’adjoint puis d’entraîneur principal, il va se retrouver sur le banc de l’ASSE pour boucler en quelque sorte la boucle le temps d’une saison et demi. Il permet d’ailleurs, au terme de sa première saison en tant qu'entraîneur, de décrocher une qualification directe en coupe de l'UEFA, attendue depuis 26 ans. Il faisait d'ailleurs partie de la dernière génération de joueurs ayant fait la campagne européenne avec Saint-Étienne, en 1982.
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