Roger Claessen, l'idole du Standard
Photo: ©Harry Pot/Anefo/National Archief
Roger Claessen
Né le 27 septembre 1941 à Warsage (BEL)
Décédé le 3 octobre 1982 à Liège (BEL)
Belge, Attaquant, 1m81
Surnom: "Roger-la-honte"
17 sélections, 7 buts
(Matchs amicaux: 13 sélections, 4 buts)
(Qualif Coupe du Monde: 2 sélections, 1 but)
(Qualif Euro: 2 sélections, 2 buts)
1ère sélection : le 20 mai 1961 contre la Suisse (1-2)
Dernière sélection : le 24 avril 1968 contre l'URSS (0-1)
B: 4 sélections, 2 buts
U19: 7 sélections
Idole immortelle du Standard des années 60, Roger Claessen était un attaquant mythique dont son visage christique et aviné incarne une fresque géante peinte sur les parois du stade de Sclessin, inaugurée un soir d’octobre 2004.
Surnommé "Roger-la-honte", la réplique belge de George Best en moins bling-bling mais plus destroy était aussi spectaculaire que ingérable, dragueur invétéré, flambeur, amateur de poésie et polyglotte, cultivé et abonné au bistrot du coin où il allait boire des verres avec les supporters, roi des accidents de voiture, grand pote d'Eddy Merckx et Jacques Brel, il avait la réputation d'être une tête de mule mais a toujours été très lucide sur le foot-business que devenait ce sport à son époque: "Je n’ai jamais voulu être tributaire d’une forme de sport où, pour réussir, il faut brimer sa personnalité et son amour-propre. […] Je n’ai jamais eu envie de thésauriser comme le font ceux qui ne vivent que pour l’argent, sous prétexte d’assurer leur sécurité matérielle. Car, comme le dit ce vrai poète qu’était mon vieux copain Jacques Brel, cette sécurité-là est une forme de médiocrité de l’âme…" Un texte qui l'a rédigé lui-même pour la postface de sa biographie. Un emblème. Sur le terrain, ce personnage hors-du-commun était le joueur le plus influent et le plus généreux de son époque, parce qu’il en a toujours donné pour leur argent à ceux qui payaient pour le voir jouer, mais aussi parce qu’il avait le cœur sur la main, qu’il était d’une intelligence et d’une culture largement au-dessus de la moyenne. Le légendaire numéro 9 des Rouches avait tout: technique, vitesse, physique, sens du but, frappe de balle, ainsi qu’un jeu de tête phénoménal et une détente verticale impressionnante.
Il fait ses premiers pas au Standard à l'âge de 17 ans en 1959. On le pensait définitivement lancé mais la confirmation se fait attendre. C'est pour l'exercice 1960-61 qui marque la véritable entame de carrière de celui qui allait devenir le Joueur du Siècle des Standardman. C'est lui qui propulse le club vers leur deuxième titre après un coude à coude homérique avec le voisin de Rocourt. L'année suivante, il hisse le Standard en demi-finale de la Coupe d'Europe des clubs champions (élimination face au Real Madrid). Il décroche un autre titre de champion de Belgique en 1963. Le gamin de Warsage brûle aussi les étapes sur le plan international. Il devient un buteur remarquable. Avec les Diables Rouges, Roger ne dispute pas toutes les rencontres en raison d’un nombre incalculable de suspensions et, surtout, de blessures. Car si c'est le début de la gloire pour Claessen, les ennuis débarquent également. En 1965, par exemple, lorsque le Standard effectue une tournée au Zaïre, il fait le mur tous les jours. Mais, pour s'amuser, Roger n'a pas besoin de quitter la Belgique, ni la cité Ardente... tous les bars lui sont familiers. El l'argent lui file entre les doigts. Roger adore aussi les voitures et la vitesse. C'est ainsi qu'il a des accidents de la route (en 1962, avec 3 semaines d'hôpital, et en 1963) et connaît aussi la prison à deux reprises. Alors que le Standard dispute le tournoi de Montréal dans le cadre de l'expo universelle, Roger fait une "fugue" de deux jours puis réapparaît dans le réfectoire bondé d'Allemands, de Mexicains, de Russes et d'Anglais, coiffé d'un chapeau sur lequel est brodé "Roger-la-Honte", nom d'un célèbre truand du début du 20ème siècle.
Photo: ©Standard Liège
Son plus beau fait d'armes reste probablement cette qualif pour les demi-finales de la Coupe des Coupes en 1967 face aux Hongrois de Vasas Györ, avec un bras cassé en écharpe, et du whisky pour se donner du courage, il marque le but synonyme de qualification avant d'amener le deuxième pour Jurkiewicz. En 1968, il termine co-meilleur buteur du championnat avec 20 réalisations (ex-aequo avec la vedette d'Anderlecht Paul Van Himst) et vient sans doute de réussir sa meilleure saison en ayant failli décrocher le "Soulier d'or belge". Il décide cependant de quitter Sclessin en pleine gloire alors qu'il n'a que 27 ans! La Bundesliga attire Roger Claessen. Le football allemand correspond bien à son tempérament offensif, bagarreur et spectaculaire. C'est une des raisons pour lesquelles Roger s'exile à Aix-la-Chapelle pour la saison 1968-1969. Son transfert rapporte 4,5 millions de francs au Standard, record absolu payé par un club allemand! Roger devient donc le joueur le plus cher d'outre-Rhin et le premier gros transfert belge à l'étranger si l'on excepte celui de Raymond Braine au temps des premiers balbutiements du plat pays. Il termine vice-champion en 1969 où des centaines de supporters liégeois se déplaçaient tous les quinze jours pour voir évoluer leur ex-enfant terrible… mais toujours chéri.
En 1970, Roger rentre en Belgique, au Beerschot. C'est un véritable fiasco. Tout cela à cause d'une blessure mal soignée. En 1972, il joue au Crossing de Schaerbeeck. Un changement de direction au club en fin de saison et en toute dernière minute oblige Roger, en 24 heures, à trouver un autre club. Il se retrouve à Bas-Oha en troisième division. Il y reste trois années comme joueur-entraîneur avant de raccrocher définitivement les crampons. Il jouera encore parfois lors de rencontres de bienfaisance ou lors de ses passages en amateur à Saint-Vith (1ère Provinciale) et à Queue-du-Bois (2ème Provinciale). Footballeur plus que populaire, il a toujours été adulé du public qui lui pardonnait toutes ses incartades. Bon vivant au franc-parler sympathique mais parfois grossier, il a vécu à 100 à l'heure. Il s'est fait construire une villa à la Heydt. C'est là qu'il vivait avec sa femme et son fils. Il disparaît dans la nuit du 2 au 3 octobre 1982 à 41 ans à peine. Beaucoup trop tôt. Un suicide? C'est une version parmi tant d'autres, le sujet reste sensible en Belgique mais pour beaucoup l'hypothèse la plus plausible. Personnage brin tragique, et à bien des égards resté secret assurément, Roger Claessens reste à tout jamais un monument du football belge.
PALMARÈS
Champion de Belgique en 1961 et 1963 (Standard Liège)
Vice-champion de Belgique en 1962 et 1965 (Standard Liège)
Vice-champion d'Allemagne en 1969 (Alemannia Aachen)
Vainqueur de la Coupe de Belgique en 1966, 1967 (Standard Liège) et 1971 (Beerschot VAV)
DISTINCTIONS PERSONNELLES
Meilleur buteur de la Coupe des Coupes en 1967 (10 buts) (Standard Liège)
Meilleur buteur du championnat de Belgique en 1968 (20 buts) (Standard Liège)
SOURCES/RESSOURCES
- Christian Hubert - journaliste à la DH/Les Sports et auteur du livre "Roger la Honte"
- Hall of Fame du Standard de Liège - Claude Henrot
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