Photo: ©La Gazette du Fennec
Abdelaziz Ben Tifour
عبدالعزيز بن طيفور
Né le 25 juillet 1927 à Hussein Dey (ALG)
Décédé le 19 novembre 1970 à Alger (ALG)
Algérien, Milieu offensif/Ailier gauche, 1m66
4 sélections
(Matchs amicaux: 3 sélections)
(Coupe du Monde: 1 sélection)
1ère sélection : le 2 mai 1952 contre la Belgique (2-1)
Dernière sélection : le 6 octobre 1957 contre la Hongrie (0-2)
FLN
1946/48 CS Hammam-Lif (TUN)
1948/53 OGC Nice (FRA) 145 matchs, 38 buts
(Championnat de France: 129 matchs, 34 buts)
(Coupe de France: 16 matchs, 4 buts)
(Championnat de France: 31 matchs, 9 buts)
(Championnat de France de D2: 34 matchs, 6 buts)
(Coupe de France: 8 matchs, 3 buts)
(Coupe Charles Drago: 2 matchs, 1 but)
(Championnat de France: 86 matchs, 13 buts)
(Coupe de France: 8 matchs, 2 buts)
(Coupe Charles Drago: 4 matchs, 1 but)
1962/63 USM Alger (ALG) (entraîneur-joueur)
Ailier de poche aux dribbles déroutants et au pied gauche unique, Abdelaziz Ben Tifour a été l’un des principaux artisans de la période faste de l'OGC Nice au début des années 50. Chez les Aiglons, il va remporter deux titres de champion et une coupe de France, qui lui ouvriront la porte des Bleus. Passé ensuite par Troyes et Monaco, il va surtout être emporté dans le tourbillon de l’histoire, faisant partie de l’équipe du FLN avant de connaître une fin tragique.
Natif d'un quartier pauvre d'Hussein Dey en Algérie où il joue dans les catégories jeunes de sa ville natale, le petit Abdelaziz émigre et débute sa carrière de footballeur à l’Espérance Tunis avec son frère Mustapha. Après une année en réserve, les deux joueurs évoluent avec les pros. Mais au bout d’un an seulement, ils sont approchés par le grand rival local d’Hammam Lif, qui met un paquet d’argent sur la table. Trahison pour les supporters, jackpot pour les deux jeunes. Sous leurs nouvelles couleurs, les Bentifour, comme on les appelé à l'époque, vont remporter deux coupes de Tunisie en 1947 et 1948. C’est à ce moment-là que les clubs français vont commencer à s’intéresser à Abdelaziz, le plus talentueux des deux.
Ainsi, à l’été 1948, celui qu'on a rebaptisé Ben Tifour, un diminutif francisé, plus facile pour s’intégrer socialement, plus classe pour un joueur très technique et élégant, débarque à Nice. Pour sa première saison en D1, il va mettre à profit sa polyvalence, capable d’évoluer en ailier comme au milieu, pour disputer 26 matchs, ce qui n’est déjà pas si mal. Nice termine 7ème du championnat et Ben Tifour inscrit 6 buts. La saison suivante sera un peu meilleure. Lors de la saison 1950-1951, Nice va remporter le championnat dans une saison rocambolesque. Après un début de saison calamiteux (Nice est dernier fin septembre), les azuréens vont entamer une folle remontée sur la seconde partie de saison, jusqu’à coiffer tout le monde au poteau. Pourtant, il participe d’assez loin au titre, même si avec ses 7 pions en 16 matchs, il présente un bilan très satisfaisant. La saison suivante, un Nice flamboyant conserve son titre dans un exercice plus maîtrisé. Ben Tifour réalise une saison pleine et franchit la barre des 10 buts en championnat. Le Gym va également glaner une Coupe de France, remportée face à Bordeaux sur le score de 5 buts à 3, durant laquelle il mettra d’ailleurs le quatrième pion, alors que le score était de 3-3. Il sera même appelé pour la première fois en équipe de France contre la Belgique le 22 mai 1952.
Avec les Bleus, il connaitra une carrière un peu limitée, la faute à un concurrence féroce, à une époque, où les sélections comptaient plus de 10 attaquants (le WM étant gourmand en joueurs offensifs). Retenu pour la Coupe du monde 1954 en Suisse, il devient le premier Algérien à disputer une Coupe du monde avec la France aux cotés de Raymond Kopa. Il est de la seule victoire des Bleus contre le Mexique (3 buts à 2) où il offre une passe décisive à Jean Vincent. Il obtient sa dernière cape en 1957. Avec le club azuréen, il effectue un dernier exercice mais bien moins réussie. Nice termine 13ème du championnat. Arrivé en fin de contrat, Abdelaziz rejoint étrangement Troyes, qui évolue alors en D2. Il n’est d’ailleurs pas le seul à rejoindre l’Aube cette saison là puisque le gardien Pietro Landi et l’attaquant Georges Césari l’accompagnent. Dans un mano à mano avec Lyon, le club aubois va terminer 2ème du championnat, à 3 points des rhodaniens, la faute à une défaite à domicile contre Cannes à deux journées de la fin. EN D1, Troyes va lutter pour ne pas descendre et y parvenir en barrage.
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Lassé de jouer le maintien, Abdelaziz retrouve la Méditerranée et rejoint l’AS Monaco en 1955. Sa première saison est une réussite, puisqu’il emmène le club à une belle troisième place. Il est même rappelé en équipe de France grâce à ses 8 buts. Au milieu des Raul Conti, François Ludo, Raymond Bellot, il s’épanouit pleinement, repositionné en ailier gauche. L'ASM va s’imposer comme une des bonnes équipes de D1 et pendant trois saisons se mêlera à la lutte pour le titre. Mais l’histoire va emporter Ben Tifour dans son tourbillon.
La guerre d’Algérie s’enfonce et l’issue du conflit semble inéluctable. En 1958, à la veille de la Coupe du Monde en Suède, il quitte précipitamment et clandestinement le Rocher pour rejoindre les rangs de la première équipe algérienne de football nommée FLN, avec l’espoir, un peu fou, de faire valoir la cause algérienne et sa guerre d'indépendance aux yeux du monde entier. Une armada où l'on retrouve la fine fleur des joueurs franco-algériens, comme Rachid Mekloufi et Mustapha Zitouni. À la surprise générale, cette équipe bat la Yougoslavie et tient en échec deux anciennes grosses nations: la Hongrie et la Tchécoslovaquie. Devenu capitaine de l’équipe, ce véritable leader endossera également un rôle d’organisateur des tournées en Extrême-Orient et en Europe orientale pendant quatre ans. En 1962, l’Algérie acquiert son indépendance. Alors que pas mal de joueurs de l’équipe du FLN retourne en France, Ben Tifour reste au pays et devient entraineur-joueur de l’USM Alger, avec laquelle il remporte le premier championnat algérien en 1963. Deux ans plus tard, il est nommé sélectionneur de l’équipe d’Algérie, un poste qu’il occupera jusqu’en 1969, ayant emmené les Fennecs à la CAN de 1968, avec un échec dès le premier tour. Ensuite, il prend la tête de la JS Kabylie mais connaîtra une fin tragique: il trouve la mort dans un accident de voiture le 19 novembre 1970. Trois semaines après, un match de mémoire est organisé: les neuf survivants de l'équipe historique du FLN sont réunis sur un terrain de football en Algérie une dernière fois.
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