Brésil
Garrincha, la joie du peuple
Manoel Francisco Dos Santos
Né le 28 octobre 1933 à Pau Grande (BRE)
décédé le 20 janvier 1983 à Rio (BRE)
Brésilien, Ailier droit, 1m69
Surnoms: Le petit oiseau, Alegria do povo (joie du peuple)
50 sélections, 12 buts
(Matchs amicaux: 23 sélections, 5 buts)
(Qualif Coupe du Monde: 2 sélections)
(Coupe du Monde: 12 sélections, 5 buts)
(Copa America: 6 sélections)
(Coupe Oswaldo Cruz: 4 sélections, 1 but)
(Coupe Bernardo O'Higgins: 2 sélections, 1 but)
1ère sélection : 18 septembre 1955 contre le Chili (1-1)
Dernière sélection : 15 juillet 1966 contre la Hongrie (1-3)
non-officiel: 10 sélections, 5 buts
Sélection de Rio: 9 matchs, 7 buts
1953/65 Botafogo (BRE) 614 matchs, 245 buts
(Championnat du Brésil: 236 matchs, 85 buts)
(Coupe du Brésil: 4 matchs)
(Copa Libertadores: 2 matchs)
(Championnat de Rio/Tournoi Initial: 289 matchs, 143 buts)
(Tournoi Rio-São Paulo: 83 matchs, 17 buts)
1966/67 Corinthians (BRE) 10 matchs, 2 buts
(Championnat de São Paulo: 4 matchs)
(Tournoi Rio-São Paulo: 6 matchs, 2 buts)
1968 Atlético Junior (COL) 1 match
1969 Novo Hamburgo (BRE) 1 match (non-officiel)
1969 Foot Ball Club Rio-Grandense (BRE) 1 match (non-officiel)
1969/70 Flamengo (BRE) 15 matchs, 4 buts
1971/72 Olaria (BRE) 10 matchs, 1 but
Garrincha est l'un des meilleurs joueurs brésiliens de tous les temps, et surement l'un des meilleurs dribbleurs de l'histoire du football. Grâce à ce dribble devenu mythique: feinte de crochet intérieur, départ vers l'extérieur. Aussi systématique et prévisible qu'incontrôlable! Déroutant, magique, insaisissable, voilà quelques-uns des nombreux adjectifs dont avait hérité l'idole brésilienne, l'un des tout meilleurs attaquants à avoir jamais porté le maillot de la Seleçao.
Car si les Auriverdes ont successivement remporté les Coupes du Monde 1958 en Suède et 1962 au Chili, ils le doivent en grande partie à cet art du dribble, qu'il a porté à des hauteurs inégalées et inégalables, et au sens du but de cet homme. Quand les Brésiliens évoquent Pelé comme le meilleur technicien de l'histoire, ils se souviennent et se souviendront toujours de Garrincha pour son audace et son inventivité. Il combine une maîtrise technique innée et une vitesse folle. Ses compas biscornus lui donnent ce côté imprévisible qui rendra dingue toute une génération de défenseurs. Ailier insaisissable, vif, inspiré, créatif, le petit attaquant savait régaler les spectateurs du monde entier. Joueur brésilien très attachant, avec son air trapu, son aspect court sur pattes et ses genoux rentrants (dont l'un, le gauche, était d'ailleurs déformé malgré une intervention), qui aurait pu lui prédire une telle carrière aussi belle que méconnue du grand public tant il a été à l'époque occulté par son coéquipier de sélection par le jeune "Roi". Ce dernier revendique d'ailleurs la Coupe du Monde en 1962 alors qu'il est très vite blessé, laissant Garrincha seul aux commandes et devenant le fer de lance de la sélection. Il inscrit un doublé contre l'Angleterre en quarts de finale et un autre contre le Chili en demi. Lors de ce match, il est expulsé pour avoir botté les fesses d'un joueur. La fédération brésilienne arrange l'histoire et Garrincha joue tout de même la finale. Même s'il ne marque pas contre la sélection de Tchécoslovaquie, il remporte la Coupe du Monde une deuxième fois et sera élu meilleur joueur du tournoi ainsi que meilleur buteur ex-aequo. À ce moment, le dribbleur fou est au sommet de sa gloire.
Photo: ©Imago
Pourtant, la vie n'a pas toujours été facile pour Manoel Francisco Dos Santos, son vrai nom. Son célèbre surnom, il le doit à sa soeur aînée Rosa qui a fait référence à un petit oiseau farouche très répandu au Nord-Est du Brésil. Né dans la pauvreté de parents amérindiens à Magé, village situé à une cinquantaine de kilomètres de Rio de Janeiro, il est ignoré par les équipes cariocas à cause de son handicap. En effet, ses jambes sont tordues. Le genou droit pointe vers l'extérieur, le gauche vers l'intérieur, et ses jambes ne font pas la même taille. À l'âge adulte, l'une sera plus courte que l'autre de six centimètres. Paradoxalement, dans ses accomplissements futurs, son inconvénient deviendra son meilleur allié. Son fardeau, c'est sa chance. Grâce à son incroyable persévérance, rien n'arrêtera "le petit oiseau" dans sa quête footballistique. Il entre dans le foot professionnel en 1953, à l'âge de 19 ans. Jusque-là, il jouait dans la principale équipe amateur de son usine dont il était membre depuis quatre ans. À l'occasion des championnats qui opposent usines et entreprises à l'intérieur de l'Etat de Rio, il est repéré par Eurico Salgado qui lui paye un billet de train pour rejoindre Botafogo où il connaît bien Newton Cardoso, l'entraîneur des jeunes, qui n'est autre que le fils de Gentil Cardoso, le directeur sportif du club. Arrivé au centre d'entraînement, il s'entraîne une demi-heure avec les moins de 18 ans. Newton Cardoso observe. Il peine à croire ce qu'il voit. Ce hommes aux jambes de cow-boy fait des merveilles balle au pied. Il demande à Garrincha de revenir le lendemain pour un test avec les professionnels, sous les ordres de son père. Gentil Cardoso l'attend. Il l'amène voir Paulo Amaral, un des entraîneurs: "C'est la 'fameuse' star d'Araty. Habille-le et mets-le contre l'international brésilien Nilton Santos." On ne peut imaginer baptême du feu plus rude. Alors il fait ce qu'il sait faire. Il le dribble. Une fois. Puis deux. Puis dix. Se permet même, suprême offense, de lui glisser un petit pont. Personne n'avait jamais osé ça contre lui. Réduit au rôle de simple pantin, le défenseur vedette passe un sale moment. "Il m'a fait danser dans tous les sens, explique-t-il. Je suis allé voir l'entraîneur et les dirigeants. Je leur ai dit que ce gamin était un monstre et qu'il fallait l'engager tout de suite et de le mettre dans l'équipe. Je ne voulais plus jamais avoir à l'affronter." Sa réputation gagnera vite le Brésil tout entier, avant qu'il ne devienne un des plus grands joueurs de l'histoire du football. Son premier match confirme le test: rentré en seconde mi-temps alors que son équipe est menée, il réussit à renverser la situation en inscrivant un triplé face à Bonsucesso (6 buts à 3). Il passe douze saisons à Botafogo et connaît son apogée durant la fin des années 50 et le début des années 60 avec de nombreux titres et notamment trois championnats Carioca. Avec presque 250 buts, il formait une attaque idéale aux côtés de Quarentinha.
Sitôt après, s'amorce une longue décadence marquée par l'échec du Brésil lors de la Coupe du monde 1966 en Angleterre. Épuisé par des artifices médicaux qui devaient l'aider à surmonter ses problèmes de jambes, il s'efforce désespérément de prolonger une vie sportive qui n'a jamais eu de sens que pour ce "jeu pour le jeu" directement lié à sa jeunesse. Joueur de cœur, il refusait la médiatisation et préférait retrouver ses camarades pour continuer de s'adonner à son sport fétiche pieds nus sur la plage dans la plus pure tradition brésilienne. Illettré, il n'avait que des plaisirs simples: l'alcool, le football et le sexe (il a eu treize enfants de cinq femmes différentes). Toutes ces particularités lui donnaient un statut d'un footballeur abordable, proche du peuple puisque partageant le même lieu de vie, les mêmes joies simples et les mêmes problèmes. C'est pour cela qu'il était surnommé la "joie du peuple". Seule la fin de sa carrière reste terne, rongé par l'alcool et l'arthrose, Garrincha, l'oiseau, se brûle les ailes. Vendu au Corinthians en 1966, son football se présente comme une succession de défaites. Entre 1967 et 1968, il se voit refuser par plusieurs clubs. Fin 1968, il est condamné pour n'avoir pas payé depuis six mois la pension alimentaire de sa première épouse (il échappe à la prison grâce à l'intervention d'un banquier qui règle ses dettes). Ruiné, dépressif, impliqué dans des accidents de voiture (dont l'un coûte la vie à la mère de l'une de ses maîtresses, la chanteuse Elza Soares), il finit sa carrière dans le modeste club d'Olaria en 1972. Bien loin du jour de ses 20 ans. Son premier séjour à l'hôpital a lieu en 1978 pour hypertension. En juillet 1979, il est de nouveau hospitalisé: on diagnostique une cirrhose du foie. Lors du Carnaval de Rio en 1980, il accepte de défiler sur un char construit en son honneur par l'école de samba de Mangueira, affichant à cette occasion son regard vide et triste après les complications qu'il vient de subir quelques mois auparavant, où bien la caïpirinha qui tue à petit feu l’ancienne légende. En 1982, à Noël, il part à Brasilia jouer vingt minutes lors d'un match amical. Juste après, ruiné et abandonné, il plonge dans une forte dépression alcoolique qui débouchera sur son décès le 20 janvier 1983. La mort du brésilien est tragique. Le peuple pleure un de ses premiers héros. Celui qui était le plus grand joueur du Monde. Son enterrement est celui de l’un des plus grands. Après avoir exposé son cimetière au Maracana, celui-ci est recouvert d’un drapeau de Botafogo. Puis, lors d’un trajet en bus, il est emmené jusqu’à sa ville natale, Pau Grande. Des milliers de personnes viennent se recueillir, lui rendre l’hommage qu’il mérite. Dix ans plus tôt, le même peuple avait assisté au même endroit à son premier enterrement, celui de sa carrière de joueur. À 39 ans, Garrincha avait fêté son jubilé devant 130 000 personnes. Enterré en héros national, il a donné de l’amour au peuple. Et le peuple lui a rendu cet amour. Sur sa tombe, une ultime épitaphe: "Ci-git la joie du peuple, Mané Garrincha. A Alegria do Povo".
PALMARÈS
Vainqueur de la Coupe du Monde en 1958 et 1962 (Brésil)
Finaliste de la Copa America en 1957 et 1959 (Brésil)
Vainqueur de la Copa Roca en 1960 (Brésil)
Vainqueur de la Coupe Bernardo O’Higgings en 1955, 1959 et 1961 (Brésil)
Vainqueur de la Coupe Oswaldo Cruz en 1958, 1961 et 1962 (Brésil)
Vice-Champion du Brésil en 1962 (Botafogo)
Vainqueur du championnat de Rio en 1957, 1961 et 1962 (Botafogo)
Vainqueur du Tournoi Rio-São Paulo en 1962, 1964 (Botafogo) et 1966 (Corinthians)
Vainqueur de la coupe des champions des États Rio-São Paulo en 1961 (Botafogo)
Vainqueur du Tournoi Initial en 1961, 1962 et 1963 (Botafogo)
DISTINCTIONS PERSONNELLES
Meilleur buteur de la Coupe du Monde en 1962 (4 buts)
Élu meilleur joueur de la Coupe du Monde en 1962
Élu meilleur joueur du championnat de Rio en 1957, 1961 et 1962
Nommé dans l'équipe type de la Coupe du Monde 1958 et 1962
Nommé dans l’équipe mondiale du 20ème siècle
Nommé dans la Dream-Team FIFA de la Coupe du Monde en 1994
Nommé dans l’équipe type Sud-Américaine du 20ème siècle
Intronisé au Hall of Fame du football brésilien
SOURCES/RESSOURCES
- FIFA/Eurosport
VIDÉO
Pelé, le roi du football
Edson Arantes Di Nascimento
Né le 23 octobre 1940 à Três Coraçoes (BRE)
Décédé le 29 décembre 2022 à São Paulo (BRE)
Brésilien, Attaquant, 172 cm
Surnoms: "O Rey" ("Le Roi")
92 sélections, 77 buts
(Matchs amicaux: 51 sélections, 37 buts)
(Qualif Coupe du Monde: 6 sélections, 6 buts)
(Coupe du Monde: 14 sélections, 12 buts)
(Copa America: 6 sélections, 8 buts)
(Copa Roca: 4 sélections, 5 buts)
(Copa Bernardo O'Higgins: 2 sélections, 3 buts)
(Copa Oswaldo Cruz: 4 sélections, 5 buts)
(Copa del Atlántico: 2 sélections, 1 but)
1ère sélection : 7 juillet 1957 contre l'Argentine (1-2)
Dernière sélection : 18 juillet 1971 contre la Yougoslavie (2-2)
militaire: 3 sélections, 1 but
Sélection de São Paulo: 13 sélections, 9 buts
Officiels:
1952/56 Bauru AC (BRE) (Jeunes)
1956/74 Santos FC (BRE) 659 matchs, 653 buts
(championnat du Brésil: 83 matchs, 34 buts)
(Taça Brasil: 30 matchs, 30 buts)
(Torneio Roberto Gomes Pedrosa: 57 matchs, 37 buts)
(championnat de São Paulo: 410 matchs, 467 buts)
(Tournoi Rio-São Paulo: 53 matchs, 49 buts)
(Copa Libertadores: 15 matchs, 16 buts)
(Coupe intercontinentale: 3 matchs, 7 buts)
(Supercoupe des champions intercontinentaux: 7 matchs, 3 buts)
(Recopa Sudamericana: 1 match)
1975/1977 Cosmos New-York (USA) 64 matchs, 37 buts
(NASL: 56 matchs, 31 buts)
(Play-offs: 8 matchs, 6 buts)
Non-officiels:
1956/74 Santos FC (BRE) 456 matchs, 446 buts
1957 équipe combiné Santos/Vasco 4 matchs, 6 buts
1961/62 Syndicat des athlètes de São Paulo 2 matchs, 3 buts
1975/1977 Cosmos New-York (USA) 41 matchs, 26 buts
1976 Équipe All-star Américaine 2 matchs
1977/90 Match de bienfaisance 8 matchs, 5 buts
1978 Fluminense (BRE) 2 matchs
1979 Flamengo (BRE) 1 match
militaire: 8 sélections, 13 buts
Total:
Officiels: 831 matchs, 767 buts
Non-officiels: 544 matchs, 517 buts
Total: 1375 matchs, 1284 buts
Pelé représente l’essence même du football brésilien, tout ce qui inspire encore aujourd’hui les plus jeunes joueurs de son pays. Durant ses 21 ans de carrière, il a fasciné la planète par son talent. Il a réalisé des gestes techniques difficiles avec une simplicité déconcertante et a été un buteur prolifique, un meneur de jeu magistral, un passeur hors pair et un maestro aux inspirations géniales hyper complet avec des statistiques de folie et un palmarès international inégalé. N'en déplaisent à certains, Pelé reste, et restera "O Rei". Comme ce célèbre titre lu dans la presse de l'époque: "Comment épelez-vous les 4 lettre de Pelé? D-I-E-U, tout simplement."
Le talent d'Edson Arantes
Il laisse l'image d'un joueur complet aux qualités techniques et physiques hors-normes. Il joue des deux pieds, court vite, possède une incroyable détente verticale (comme sur le but inscrit de la tête en finale de la Coupe du monde 1970) et fait preuve d'un incroyable sang-froid devant le but. Et que dire de son aisance technique sur le terrain qui le faisait passer pour le meilleur de son époque. Il était capable de réaliser les gestes les plus techniques avec une très grande facilité. Il le faisait même beaucoup et régulièrement. Son aisance à réaliser les dribbles les plus compliqués ont construit sa légende. Car c’est bien ce qu’il est depuis toujours au Brésil. Un génie qui a traversé les époques sans jamais se démoder. Respecté comme personne dans un pays qui a vu défiler les stars et les talents, le natif de Três Coraçoes, a rempli de joie ceux de millions de Brésiliens. Le talent de Pelé, c’était la capacité à inscrire des buts venus d’ailleurs dans des moments capitaux. Le jeune Edson Arantes do Nascimento n'a connu que deux clubs dans sa vie: le Santos FC dans son Brésil natale de 1956 à 1974, et les Cosmos New-York en MLS aux Etats-Unis de 1974 à 1977.
Les premiers exploits du prodige
Né dans la ville de Três Coraçoes, comprenez "Trois coeurs" au Brésil, fils d'un ancien footballeur blessé au genou, élevé dans une famille pauvre, celui qu'on appelait "Dico" et qui allait devenir "Pelé" après le surnom de "Belé" donné par les gamins de son âge, débute à Baquinho, équipe de jeunes du Bauru AC. Repéré par Waldemar de Brito, ancien international brésilien des années 30, le petit pauvre un temps cireur de chaussures débarque à Santos après une négociation serrée avec la maman. À son arrivée, Edson s’entraîne déjà avec les pros à 16 ans. Il effectue son baptême chez les professionnels le 7 septembre 1956 face au Corinthians. Premier match et ... premier but. Six mois de prestations concluantes suffisent à convaincre le sélectionneur de l'époque Sylvio Pirillo. Il débute sa carrière auriverde le 7 juillet 1957 contre l'Argentine au Maracana, devant 200 000 spectateurs. Pelé n'a pas encore 17 ans lorsqu'il défend pour la première fois les couleurs jaunes du Brésil, sur la pelouse du Maracana et il inscrit déjà son premier but avec la Seleção. Sa fougue et ses débuts réussis lui permettre d'être sélectionné parmi les vingt-deux joueurs qui se rendent en Suède pour la Coupe du Monde 1958. Blessé, il rate les deux premières rencontres du tournoi, contre l'Autriche (3 buts à 0) et contre l'Angleterre qui, chose étonnante, est le premier 0-0 de l'histoire de la Coupe du Monde. Le sélectionneur Vicente Feola le lance dans le grand bain lors du troisième match de poule contre l'URSS. Une première marche vers la gloire. La Seleção décolle. En quart de finale contre le Pays de Galles, il qualifie son équipe d'un but somptueux et devient alors le plus jeune joueur à marqué à 17 ans et 239 jours. En demi, auteur d'un triplé, il élimine la France, avant de parachever son chef-d'œuvre par un doublé en finale face au pays organisateur la Suède pour une victoire 5 buts à 2. Pelé est en pleurs, Pelé est sacré, Pelé est le nouveau Roi du football. Il devient le plus jeune vainqueur d'un Mondial, à 17 ans, on le rappelle... Le numéro 10, buteur et passeur d'exception, a fait rêver des générations de footballeurs. Rares sont ceux qui, comme lui, ont cette capacité à créer et surprendre l'adversaire par un coup de génie.
Photo: ©Ullstein Bild
Des buts à gogo et des gestes en folie
Mais si Pelé est aussi populaire, c'est aussi pour son action politique et humanitaire. Il collabore notamment avec l'UNESCO pour aider les enfants en difficulté. Un mythe qui cumule les records à peine imaginables. En 1969, Pelé avait inscrit son 1000ème but dans un délire indescriptible au Maracanã, le jour de l'anniversaire de sa maman. Après son penalty victorieux, la rencontre est interrompue. Pelé enfile un maillot spécialement préparé pour l'occasion et entame un tour d'honneur triomphal. Il a fallu près de 30 minutes pour que le jeu reprenne. "Le penalty est une façon lâche de marquer un but.", avait -il confié. La vie est parfois ironique. Il a marqué également six fois cinq buts dans le même match, 30 fois quatre buts et 92 fois trois buts. Contre Botafogo en 1964, il inscrit même huit buts. Au total, il aurait officieusement 1281 buts en 1363 matches mais on ne sait pas si tous les buts inscrit sont officiel (il comptait alors les buts lors des matchs amicaux et à l'entraînement). Par ailleurs le club effectue de nombreuses tournées à travers le Monde, notamment en Europe pour y rencontrer les meilleurs clubs européens qui n'hésitent pas à proposer des ponts d'or pour attirer Pelé, cependant le congrès brésilien décide d'y mettre un terme à ces spéculations en le déclarant "Trésor national brésilien", en vertu de quoi il fait partie du patrimoine du pays et ne peut - comme la récolte de canne à sucre - être exporté qu'avec l'accord du gouvernement. En attendant, "La perle noire" continue d'empiler les buts et les titres au Santos FC. Mais sa légende, l’ancien attaquant l’a surtout construite en réalisant les gestes les plus fous durant près de vingt ans. Capable de tenter un lob sur le portier bulgare Georgi Naydenov depuis le rond central ou de réussir une feinte de corps suivie d’un grand pont sur l'uruguayen Ladislao Mazurkiewicz, le génie a sans cesse innové pour contribuer à l’évolution de son sport, tout en continuant de gagner (deux Copa Libertadores en 1962 et 1963, et deux Coupes intercontinentales, en 1962 et 1963). Avec lui, on touche à l'exceptionnel. Comme ce 5 mars 1961, lors du match Santos-Fluminense au Maracana. Il inscrit le célèbre "Gol de Placa", un but digne d'une plaque commémorative. Il existe d'ailleurs une plaque en bronze à l'entrée du stade qui raconte en quelques mots l'histoire de ce but. Il dribble sept joueurs sur 40 mètres et dans une vitesse fulgurante marque d'un tir croisé à ras de terre. Un véritable bijou. Le public, 150 000 spectateurs ainsi que tous les journalistes, fait une ovation au prodige durant deux minutes. Les rares images qui immortalisent cet instant de grâce, ont hélas été perdues. Pelé émane de lui une fascination qui fait qu'autrefois les gens voulaient le toucher comme on le fait pour un être surnaturel. Sa seule présence à Lagos, en 1970, suffit à faire stopper une guerre civile au Nigeria.
Photo: ©DR
Un roi pour l'éternité
Il est aussi à ce jour, le seul joueur à avoir remporté 3 Coupes du Monde (1958, 1962 et 1970). Même si celle de 1962, sa blessure prématurée ne lui a pas permis d'être considéré vainqueur à proprement parler. La seule qu'il n'a pas réussi à s'offrir (celle de 1966) c'était après avoir été sérieusement blessé par des défenseurs très rugueux, le portugais João Morais et le bulgare Dobromir Zhechev pour ne pas les citer. Les bourreaux en chef du Brésilien, des bouchers impunis, briseurs de rêve. Zhechev confiera plus tard: "J'ai commencé le travail. Morais l'a terminé." Cela dit, sans leur chercher la moindre excuse, Pelé était tellement fort qu’il était le plus souvent inarrêtable à la régulière. En outre à l’époque on était moins sévère avec les défenseurs, et les cartons jaunes n’existaient pas encore, puisqu’ils ont été utilisés pour la première fois à la Coupe du Monde 1970. D'ailleurs les observateurs racontent que c'est sans doute la plus belle Coupe du Monde de toutes celles qui ont été jouées. Ce Brésil était vraiment flamboyante avec ses Carlos Alberto, Gérson, Jairzinho, Tostao et Rivelino en plus de Pelé. Elle atomise d’ailleurs en finale une grande équipe d’Italie sur un score sans appel (4 buts à 1). Le Brésil remporte ses six matchs et inscrit dix-neuf buts. Pelé en marque 4 et sera impliqué sur quatorze des quinze autres, ainsi qu’un total de 28 occasions créées! C'est à l'issue de ce Mondial au Mexique que Pelé décide de prendre sa retraite internationale, fatigué par les nombreuses rencontres, mais surtout fâché avec la fédé brésilienne. Un choix que personne ne comprend. Il joue son dernier match en sélection contre la Yougoslavie le 18 juillet 1971 au Maracana. Plus de 140 000 personnes viennent voir jouer une dernière fois le Roi Pelé sous le maillot de la Seleção, qui demande à son idole de rester avec des "Fica! Fica!" ("Reste! Reste!"), en vain. "Il faut partir quand le public veut qu’on reste, pas quand il veut qu’on s’en aille ", écrira-t-il. Il ne disputera pas la Coupe du Monde en 1974, pourtant crédible physiquement à 34 ans. En tout, il aura inscrit 77 buts en 92 matchs sous le maillot jaune. Il poursuit cependant avec Santos et décide alors de mettre un terme à sa carrière fin 1974 contre Ponte Preta après dix-huit années de présence.
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Le Roi is back dans le Cosmos
Mais quelques mois après ce retrait du Monde du football, Pelé rechausse les crampons à cause d'énormes dettes accumulées. Il signe un juteux contrat jamais révélé (estimé de 2,5 à 7 millions de dollars) pour les New-York Cosmos et participe alors à la popularisation du football aux États-Unis. Sur le terrain, le Roi reste le Roi. Il plante en trois saisons 64 buts en 107 matchs. Il termine sa grande vadrouille américaine avec un premier titre de la NASL contre les Seattle Sounders le 27 août 1977 aux côtés de Carlos Alberto, Jomo Sono et Franz Beckenbauer. Toutes les blessures accumulées lors de sa carrière le contraignent à se retirer définitivement en 1977. Pour cela, il boucle la boucle avec un match d'adieu entre les Cosmos de New-York et le Santos FC le 1er octobre 1977 au Giants Stadium, devant environ 75 000 spectateurs, et en présence de son idole Mohamed Ali. Ne pouvant retenir ses larmes au terme de la rencontre, la star brésilienne est portée en triomphe par ses coéquipiers, pour un dernier tour d’honneur au paroxysme de l’émotion. Simplement exceptionnel. Le mot de la fin revient au poète brésilien Carlos Drummond de Andrade: "La difficulté, le côté extraordinaire, ce n'est pas de mettre 1000 buts comme Pelé, c'est de mettre un but comme Pelé." Magnifique.
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La plus grande légende de ce jeu s'en va
Depuis début décembre 2022, Pelé était placé en soins palliatifs à l'hôpital Albert-Einstein de São Paulo à la suite d'une infection respiratoire. Le Roi ne répondait plus à sa chimiothérapie suivie depuis 2021 en raison d'un cancer du côlon. Et le pire est arrivé ce 29 décembre 2022, où il disparaît à tout jamais à l'âge de 82 ans. Symboliquement, il s'est éteint à deux pas du Morumbi (stade de Sao Paulo), qui devait lui évoquer tant de souvenirs. C'est là que le 11 juillet 1971, il plante un but en amical face à l'Autriche. Sans disputer la seconde mi-temps. Tour d'honneur. Ce sera le dernier de ses 77 buts avec la Seleçao, en 92 matchs. Au final, c'est évidemment un pan entier de l'histoire du foot qui s'en va avec lui, il y laissera sans contestation son empreinte indélébile. Son nom continuera de nous éblouir rien qu'à son évocation, et cela, jusqu'à la fin des temps. On retiendra pour toujours deux moments mythiques archi-connues et immuables de sa carrière. La première lors du Mondial 58 où il éclate aux yeux du monde à l’âge de 17 ans. La seconde sera ce Brésil 70 qui restera l'apothéose de sa carrière et la quintessence du football. Parmi ses déclarations parfois farfelues, il y en avait tout de même une qui lui convenait parfaitement: "Je suis né pour jouer au football, tout comme Beethoven est né pour composer de la musique et Michel-Ange est né pour peindre." Divin. Le football et tous ses amoureux te remercient. Le roi est mort, vive le Roi.
PALMARÈS
Vainqueur de la Coupe du Monde en 1958, 1962 et 1970 (Brésil)
Vainqueur de la Copa Roca en 1957 et 1963 (Brésil)
Vainqueur de la Copa Oswaldo Cruz en 1958, 1962 et 1968 (Brésil)
Vainqueur de la Copa del Atlántico en 1960 (Brésil)
Vainqueur de la Copa Bernardo O’Higgins en 1959 (Brésil)
Vainqueur de la coupe Intercontinentale en 1962 et 1963 (Santos FC)
Vainqueur de la Supercoupe des champions intercontinentaux en 1968 (Santos FC)
Vainqueur de la Copa Libertadores en 1962 et 1963 (Santos FC)
Champion du Brésil en 1961, 1962, 1963, 1964, 1965 et 1968 (Santos FC)
Vice-champion du Brésil en 1959 et 1966 (Santos FC)
Champion des Etats-Unis en 1977 (Cosmos New-York)
Vainqueur du championnat de São Paulo en 1956, 1958, 1960, 1961, 1962, 1964, 1965, 1967, 1968, 1969 et 1973 (Santos FC)
Finaliste du championnat de São Paulo en 1957 et 1959 (Santos FC)
Vainqueur du Tournoi Rio-São Paulo en 1959, 1963, 1964 et 1966 (Santos FC)
DISTINCTIONS PERSONNELLES
Élu meilleur joueur mondial du 20ème siècle en 1999
Élu meilleur joueur Sud-Américain du 20ème siècle en 1999
Élu meilleur joueur du 20ème siècle par France Football en 2011
Élu meilleur joueur FIFA du 20ème siècle en 2000
2ème meilleur buteur de la Coupe du Monde en 1958 (6 buts)
Meilleur buteur de la Copa America en 1959 (9 buts)
Meilleur buteur de la Copa Roca en 1957 (2 buts) et 1963 (3 buts)
Meilleur buteur de la Copa Libertadores en 1965 (8 buts) (Santos FC)
11 fois meilleur buteur du championnat de São Paulo en 1957 (17 buts), 1958 (58 buts), 1959 (45 buts), 1960 (33 buts), 1961 (47 buts), 1962 (37 buts), 1963 (22 buts), 1964 (34 buts), 1965 (49 buts), 1969 (26 buts) et 1973 (11 buts) (Santos FC)
Meilleur buteur de la Taça Brasil en 1961 (9 buts) et 1964 (7 buts) (Santos FC)
Meilleur buteur du tournoi de Rio-São Paulo en 1963 (14 buts) (Santos FC)
Élu meilleur joueur Sud-Américain de l’année en 1973
2ème meilleur joueur Sud-Américain de l’année en 1972
Élu meilleur joueur de la Coupe du Monde en 1970
Élu 2ème meilleur joueur de la Coupe du Monde en 1958
Élu meilleur jeune joueur de la Coupe du Monde 1958
Élu meilleur joueur de la Copa America en 1959
MVP de l’année de la NASL en 1976
Élu joueur de l’année de la zone CONCACAF en 1976
À reçu le Ballon d’or d’honneur en 2013
Élu parmi les "légendes" du foot par Golden Foot en 2012
Élu meilleur joueur du 20ème siècle par le magazine anglais "World Soccer"
Élu meilleur joueur de l’histoire du continent sud-américain par le magazine "L'Equipe" en 2015
À reçu l’Ordre du Mérite de la FIFA en 1984
À reçu le prix du Centenaire de la FIFA en 2004
Nommé dans l’équipe mondiale du 20ème siècle
Nommé dans l’équipe type Sud-Américaine du 20ème siècle
Nommé dans l’équipe historique de la Copa America
Nommé dans l’équipe type de tous les temps de la Coupe du Monde FIFA en 1994
Nommé dans la Dream-Team FIFA de la Coupe du Monde en 2002
Nommé dans la Dream-Team Sud-Américaine 1958-2008
Nommé dans le onze type de tous les temps par la magazine anglais "World Soccer" en 2013
Nommé dans l'équipe type du tournoi de la Coupe du Monde 1958 et 1970
Nommé dans l'équipe type mondial de l'année en 1960, 1961, 1962, 1963, 1964, 1965 et 1966 par le magazine anglais "World Soccer"
Intronisé à l'American National Soccer Hall of Fame en 1993
Intronisé au Hall of Fame du football brésilien en 2010
Élu Athlète du siècle par le Comité International Olympique (CIO) en 1999
Élu Athlète du siècle par l'agence de presse Reuters en 1999
Élu Athlète du siècle par les journalistes mondiaux de l'Equipe en 1981
Élu sportif internationale de l'année par BBC Sport en 1970
Obtient le Lifetime Achievement Award par BBC Sports en 2005 pour sa carrière professionnelle
Obtient le Laureus World Sport Awards pour l'ensemble de sa carrière en 2000
Nommé Commandeur de l'Ordre de l'Empire britannique en 1997
Inclus dans les 100 personnes les plus importantes du 20ème siècle par le magazine "Time" en 1999
À reçu un diplôme honorifique par l'Université d'Edimbourg en 2011 pour ses exploits sportifs et sa contribution aux causes humanitaires
Ministre des sports du Brésil de 1994 à 1999
Grand prix de l'académie des Sports en 1970
Prix international de la paix
Nommé Chevalier de la Légion d'Honneur en 1963
Nommé Chevalier de l'Ordre de Rio Branco en 1967 puis Commandeur en 1969
À reçu l'Ordre du Mérite de la République Hongroise en 1994
Ambassadeur pour l'ONU et l'UNESCO à l'éducation, l'écologie et l'environnement
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