RD Congo/Zaïre
Pierre Ndaye Mulamba, l'icône persécuté du foot zaïrois
Photo: ©Foot Africa
Pierre Ndaye Mulamba
Né le 4 novembre 1948 à Luluabourg (COG)
Décédé le 26 janvier 2019 à Johannesbourg (AFS)
Congolais, Attaquant, 1m74
20 sélections, 10 buts
(Matchs amicaux: 9 sélections)
(Coupe du Monde: 2 sélections)
(Coupe d'Afrique des Nations: 9 sélections, 10 buts)
1ère sélection : le 9 décembre 1973 contre le Maroc (3-0)
Dernière sélection : le 6 mars 1976 contre le Soudan (1-1)
Meilleur joueur de l'histoire du Zaïre, Pierre Ndaye Mulamba a été le principal artisan de la qualification de son pays pour le Mondial 74. Il a surtout laissé sa patte lors de la victoire à la CAN la même année, durant laquelle il a planté 9 buts. Un record qui tient encore. Mais l'ancien attaquant vedette des Léopards a vu sa carrière, et surtout sa vie, brisées par le régime du président Mobutu.
Né le 4 novembre 1948 à Luluabourg, le jeune léopard grandit dans une famille nombreuse, avec son père Georges qui a pour objectif d'en faire un enseignant. Mais le gamin n'a d'yeux que pour le ballon rond. Et son talent ne passe pas inaperçu. Après avoir ébloui lors d'une rencontre le président de la République, Joseph Kasa-Vubu, avec un doublé à la clé, le prodige du Kasaï-Central fait ses premiers pas à la Renaissance à l’âge de 15 ans avant de rejoindre l’AS Bantous en 1972. Convoqué pour la première fois en équipe nationale à 17 ans, il reste sur le banc et ne sera pas retenu pour la CAN 1968 étant donné que Ferenc Csanádi, le sélectionneur de l’époque, préférait les joueurs exilés. Pas grave, sa popularité est déjà faite. Agile, costaud, percutant et surtout imprévisible dans ses actions, il débarque en 1973 à l’AS Vita Club, le plus grand club de Kinshasa, où il remporte d'ailleurs dans la foulée la Ligue des champions africaine aux côtés de Joseph Kibonge alias "Gento" et la génération dorée des "Dauphins Noirs" de la capitale. Il dispute aussi son premier match officiel tant attendu avec l’équipe nationale du Zaïre. Le début de la gloire.
Photo: ©FIFA
Lors de sa première CAN, en 1974 en Egypte, il en fait voir de toutes les couleurs aux gardiens adverses, avec deux buts contre la Guinée (2 buts à 1) et un pion face à Maurice (4 buts à 1), au premier tour. Un nouveau doublé en demi permet de créer l’exploit face au pays organisateur, avec une victoire surprise 3 buts à 2. En finale, contre la Zambie, l'artilleur fait encore trembler les filets deux fois. Mais les Chipolopolo égalisent au bout des prolongations, à 2-2. Le règlement du tournoi stipule qu'il faut rejouer la rencontre en cas d'égalité. Pas troublé, Pierre Ndaye Mulamba double encore la mise, deux jours plus tard. Mais cette fois, l'équipe tient le choc: victoire 2 buts à 0. Le retour au pays est triomphant. Chaque joueur a le droit à une maison et une voiture. Mais la suite n'est pas celle qu'on attendait. Qualifié pour la Coupe du Monde 1974 en RFA, le Zaïre va vivre un Mondial catatrosphique. Après une défaite en ouverture de bal contre l’Ecosse (2 buts à 0), la première nation africaine à prendre part à cet événement est étrillé par la Yougoslavie 9 buts à 0 puis terrassé par le Brésil 3 buts à 0. Soi-disant la faute à des primes promises non versées. Pierre ne brille pas comme lors de la CAN quelques mois auparavant. Pire, il est exclu face aux Plavi pour un coup de pied envoyé à l’arbitre... par un coéquipier. Une fois la compétition terminée, les joueurs retombent très vite dans l'anonymat et perdent immédiatement tous les avantages qu'ils bénéficiaient.
Le capitaine des Léopards poursuit sa carrière jusqu'en 1981 et raccroche les crampons dans l'indifférence totale. Oublié en moins de deux, la Confédération africaine lui rappelle des bons souvenirs et lui offre en 1984 une médaille pour l’ensemble de sa carrière. Un hommage chaleureux qui va pourtant lui coûter cher. En effet, le ministre des Sports lui demande d’offrir sa récompense au président Mobutu Sese Seko, qui règne en dictateur sur le Zaïre depuis 1965, ce qu’il refuse. Le soir même, les hommes de main du pouvoir font irruption chez lui, le torturent et tuent sous ses yeux son fils de onze ans. Les soldats jettent ensuite l'ex faire-valoir du régime du haut d’un pont et le laissent pour mort. Retrouvé le lendemain par des passants, il est hospitalisé plusieurs mois avant d'être envoyé en Afrique du Sud pour se soigner, laissant derrière lui sa femme et ses deux autres enfants seul. Resté au Cap de crainte des représailles, l'homme à abattre du tyran zaïrois est réduit à la mendicité et tente de gagner sa vie comme gardien de parking dans les townships de la "Mother City". Sous le choc lorsqu'on lui annonce qu'il est mort en 1998 suite à l’effondrement d’une mine en Angola, l'icône du foot congolais et africain part complètement à la dérive. Seule satisfaction, il reçoit des mains de Sepp Blatter, le président de la FIFA, la médaille du centenaire de la fédération à Kinshasa. Une décoration qui ne change rien à son sort. Rentré au pays de Nelson Mandela, le champion devenu vagabond succombe tragiquement à des problèmes de santé le 26 janvier 2019 à l'âge de 70 ans. Sa biographie "La mort m’attendra" écrit par Claire Raynaud en dit long sur la vie tragique de Pierre Ndaye Mulamba. Dans le cœur des Congolais, il restera à jamais Mutumbula, une sorte de croque-mitaine qu'il avait jouée aux habitants de son quartier étant jeune. Et si ses fans l’ont surnommé ainsi, c’est que sur le terrain, Ndaye Mulamba n'aura fait qu’une bouchée des gardiens.
PALMARÈS
Vainqueur de la Coupe d'Afrique des Nations en 1974 (Zaïre)
Vainqueur de la Coupe d’Afrique des clubs champions en 1973 (AS Vita Club)
Champion du Zaïre en 1973, 1975, 1977 et 1980 (AS Vita Club)
Vainqueur de la Coupe du Zaïre en 1973, 1975, 1977 et 1981 (AS Vita Club)
DISTINCTIONS PERSONNELLES
Élu meilleur joueur de la Coupe d'Afrique des Nations en 1974
Meilleur buteur de la Coupe d'Afrique des nations en 1974 (9 buts)
Nommé dans l'équipe type du tournoi de la Coupe d'Afrique des Nations en 1974
Etepe Kakoko
Photo: ©Magazine Ngambo Na Ngambo
Etepe Kakoko
Emmanuel Kakoko Etepé
Né le 22 novembre 1950 à Léopoldville (COD)
Congolais, Attaquant, 1m75
Surnom: "Dieu du ballon"
31 sélections, 9 buts
(Matchs amicaux: 6 sélections, 3 buts)
(Qaulif Coupe du Monde: 10 sélections, 4 buts)
(Coupe du Monde: 2 sélections)
(Coupe d'Afrique des Nations: 13 sélections, 2 buts)
1ère sélection : le 25 février 1972 contre le Soudan (1-1)
Dernière sélection : le 6 mars 1976 contre le Soudan (1-1)
1968/77 CS Imana (ZAI)
1977/82 VfB Stuttgart Amateure (ALL) 31matchs, 17 buts
(Oberliga Baden-Württemberg: 28 matchs, 15 buts)
(Coupe d'Allemagne: 3 matchs, 2 buts)
1980/82 VfB Stuttgart (ALL) 2 matchs
(Championnat d'Allemagne: 1 match)
(Coupe de l'UEFA: 1 match)
Ilunga Mwepu
Photo: ©DR
Ilunga Mwepu
Joseph Ilunga Mwepu
Né le 22 août 1949 au Congo Belge
Décédé le 8 mai 2015 à Kinshasa (RDC)
Congolais, Défenseur central, 1m78
Surnom: Youda
21 sélections
(Coupe du Monde: 3 sélections)
1967/80 TP Englebert/TP Mazembe (ZAI)
Eugène Kabongo
Photo: ©DR
Eugène Kabongo
Eugène Kabongo Ngoy
Né le 3 novembre 1960 à Kinshasa (COD)
Congolais, Attaquant, 1m83
21 sélections, 10 buts
(Autres: 19 sélections, 9 buts)
(Coupe d'Afrique des Nations: 3 sélections, 1 but)
Attaquant zaïrois aussi sympathique que volontaire, Eugène Kabongo n’a pas vraiment eu de chance dans sa carrière. Repéré assez tardivement, il débute en Belgique, avant d’écumer la D2 Française, entre le RC Paris et Lyon, avec qui il sera champion.
Mais c'est d'abord dans son pays que ce globe-trotter a entamé une carrière très irrégulière. Né le 3 novembre 1960 à Kinshasa quelques mois seulement après l’indépendance, Eugène Kabongo Ngoy de son vrai nom fait sa formation dans les clubs de Kalamu et Matongé. De sa jeunesse au pays de Mobutu, on ne sait pas grand-chose mais manifestement, il bénéficie des connections belges de l’ancien régime pour taper dans l’œil du RFC Seraing en 1983, alors qu’il a déjà 23 ans. C’est comme ça qu’il débarque en Europe et embrasse une carrière pro. Attaquant vif et puissant, prenant la profondeur, il s’affirme comme un solide buteur, même s’il a tendance à croquer la feuille de match. Après deux saisons réussies, Kabongo est recruté par le RC Paris, qui évolue alors en D2 et vise la montée. Les ciel et blanc domine largement leur championnat et terminent 1er du Groupe B. Ils jouent le titre de champion contre un autre monument en péril: l’ASSE. Vainqueur du titre honorifique de champion, Kabongo est sacré meilleur buteur de D2, avec 29 buts inscrits. Alors en pleine bourre, l’international zaïrois suscite les convoitises des clubs les plus prestigieux. C'est le RSC Anderlecht qui empoche la mise en 1986.
Photo: ©Le ballon rond
Ici, la concurrence est rude entre Eddie Krncevic, Luc Nilis et Arnor Gudjohnsen. Kabongo va connaître un long passage à vide. À peine 200 minutes passées sur le terrain et l'attaquant fait tapisserie le reste du temps. Après cinq mois sans disputer le moindre match et malgré un titre de champion de Belgique, Kabongo est laissé libre et retourne en France, à l'Olympique Lyonnais. Il signe un contrat avec le tout nouveau président, Jean-Michel Aulas qui découvre pour la première fois les joies et les tracas de la direction d’un club durant cet été 1987. En l’engageant, le club rhodanien avait vu juste. Dès ses premiers matchs, il fait preuve de maîtrise dans son jeu. Il fait une belle première saison avec 14 buts en championnat mais les rhodaniens ratent toutefois l’accès à l’élite, perdant en barrage contre Caen. Sur le plan individuel, Kabongo connaît quand même une petite consécration, en étant élu meilleur joueur du championnat de deuxième division. La saison suivante sera la bonne, avec un nouveau titre de champion de D2. Auteur de 22 réalisations en championnat, c’est-à-dire exactement le nombre de buts encaissés par l’OL durant toute la saison, il contribue avec le duo Claudio Garcia - Ali Bouafia a faire remonter l’OL en D1. Une récompense amplement méritée pour le Congolais. Il découvre alors les joies de la première division à 29 ans, et n'a pas de grosses difficultés d'adaptation. Après des débuts difficiles, le promu lyonnais atteint finalement la huitième place du classement, terminant ainsi le championnat en première partie de tableau. Mais cette première saison dans l'élite sera la dernière sous les couleurs lyonnaises pour Eugène Kabongo, qui, voyant mal l'arrivée de Roberto Cabañas, décide de quitter Lyon et de signer au SC Bastia. C’est le début de la fin.
Handicapé par des blessures récurrentes, il ne dépasse pas la quinzaine de match et n’a plus la même vivacité. Auteur d’un bon début de saison, avec 8 buts, il se blesse gravement début novembre. Son absence coïncide avec la dégringolade du club corse qui quitte la première place. Il ne reviendra jamais à son meilleur niveau. La saison suivante sera sa dernière. En onze apparitions, il marque tout de même 7 buts, mais le physique ne suit plus. La saison bastiaise se termine le 5 mai 1992, avec le drame de Furiani lors de la demi-finale de la Coupe de France contre l’OM. Quelques semaines plus tôt (le 1er mars), Kabongo avait été déclaré inapte à la pratique du football par la Ligue… Après la fin de sa carrière, Eugène retourne au pays, où il fonde une école de football en partenariat avec le RSC Anderlecht. Il se lancera également en politique et deviendra, de 2000 à 2002, ministre de la Jeunesse et des Sports de la République Démocratique du Congo. Pendant quelques mois, il sera même un éphémère sélectionneur.
PALMARÈS
Champion de Belgique en 1987 (RSC Anderlecht)
Champion de France de D2 en 1986 (RC Paris) et 1989 (Olympique Lyonnais)
Vice-champion de France de D2 (groupe A) en 1988 (Olympique Lyonnais)
DISTINCTIONS PERSONNELLES
Trophée UNFP du meilleur joueur de D2 en 1988
Meilleur buteur du championnat de France de D2 (groupe B) en 1986 (29 buts) (RC Paris)
Pierre Kalala Mukendi
Photo: ©Mbokamosika
Pierre Kalala Mukendi
Né le 22 novembre 1939 à Jadotville (COD)
Décédé le 30 juin 2015 à Johannesbourg (AFS)
Congolais, Attaquant, 1m84
Surnom: Le bombardier
90 sélections, ? buts
1958/62 US Panda (Congo Belge)
1962/74 TP Englebert (RDC)