Emil Kostadinov
photo: ©DR
Emil Kostadinov
Emil Lubtchov Kostadinov (Емил Любчов Костадинов)
Né le 12 août 1967 à Sofia (BUL)
Bulgare, Attaquant, 1m77
Surnoms: "Costa", le tueur de coqs
70 sélections, 26 buts
(Matchs amicaux: 21 sélections, 7 buts)
(Qualif Coupe du Monde: 20 sélections, 10 buts)
(Coupe du Monde: 10 sélections, 1 but)
(Qualif Euro: 17 sélections, 9 buts)
(Euro: 2 sélections)
1ère sélection : le 24 décembre 1988 contre les Emirats Arabes Unis (1-0)
Dernière sélection : le 24 juin 1998 contre l'Espagne (1-6)
espoirs: 14 sélections, 9 buts
Emil Kostadinov est l’un des bourreaux du foot français: l'attaquant bulgare avait privé les Bleus du Mondial américain lors d’une sombre soirée de novembre 1993.
Dans un Parc des Princes archibondé, les Bleus n'ont besoin que d'un nul pour rallier les USA et sortir le football tricolore de sa morosité (affaire OM-VA, échec à l’Euro 1992, non qualification pour la Coupe du monde 1990). Cantona ouvre le score peu après la demi-heure de jeu (32ème), mais Kostadinov, de la tête, lui répond dans la foulée (37ème). Tremblante, la France tient malgré tout son billet… Jusqu’à la 90ème minute. Sur un corner joué avec Guérin, Ginola choisit curieusement de centrer au lieu de temporiser dans le camp adverse. Le ballon atterrit dans les pieds bulgares et deux passes plus loin dans la course de l'attaquant, qui prend de vitesse Alain Roche et place un coup de canon du droit qui ne laisse aucune chance à Bernard Lama (90ème, score finale 2 buts à 1 pour les bulgares). Il ne le sait pas encore, mais il vient d'entrer dans la légende noire du foot français. Kostadinov, Emil de son prénom, devient le héros de tout un pays. La Bulgarie prive la France d’un grand tournoi international.
L'homme aux 26 buts en 70 capes et son pays termineront la Coupe du Monde 1994 à une inattendue quatrième place, sortant au passage l’Allemagne, tenante du titre. C'est Hristo Stoïchkov qui crève l'écran en marquant six buts. Kostadinov, pourtant à la pointe de l'attaque, reste muet. Il participe ensuite à l'édition 1998 en France mais n'empêche pas l'élimination des siens dès le premier tour. Mais à part tout ça, qu'a fait de bien l'ami Emil en dehors de ce but assassin. Au début de sa carrière, il fait ses classes dans la Bulgarie communiste des années 1980 et appartient au club de l'armée, le CSKA Sofia. Il y passe cinq saisons aux côtés de Stoïchkov et Penev entre 1984 et 1989 et remporte trois titres de champion et quatre coupes nationales. Le football bulgare connaît alors son apogée, quand le club effraie mais perd de justesse face au FC Barcelone en demi-finale de la Coupe des Coupes en 1989. Mais l'effondrement du bloc de l'Est emporte dans sa chute le championnat bulgare, dont les meilleurs talents partent se bonifier ailleurs.
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Alors en 1990, Kostadinov et sa nuque longue s'exilent dans le Nord du Portugal faire le bonheur du FC Porto. L'avant-centre y gagnera un palmarès – des championnats et des coupes nationales –, une réputation de renard des surfaces et un diminutif, "Costa" (prononcez "Kochta"), qui le suit encore aujourd'hui. Son autre surnom, "le tueur de coqs", a un peu pris la poussière. Sauf en France. Et dire qu'il n'aurait jamais dû jouer ce match... Car sa demande de visa a traîné au consulat de France. Les autorités de la fédération bulgare ne brillent pas par leur réactivité et ne lèvent pas le petit doigt. Trois jours avant le match, Kostadinov et son ami Luboslav Penev, qui joue à Valence et dont le passeport s'est aussi perdu dans les méandres administratifs, prennent les choses en main. Les deux joueurs entrent en France illégalement, sans visa, à l'arrière d'une voiture conduite par Georgi Georgiev, le gardien bulgare de Mulhouse, "dans une zone frontalière mal contrôlée ", se souvient l'avant-centre. "On est passés entre les gouttes." Avec des "si", la France serait allée au Mondial 1994, Gérard Houiller n'aurait pas été remplacé par Aimé Jacquet et la carrière internationale de David Ginola aurait pris une autre dimension. Mais la soirée qui avait commencé avec L'Amérique de Jo Dassin dans les haut-parleurs du Parc des Princes tourne au cauchemar, sauf pour les Bulgares... qui n'avaient rien prévu de particulier pour fêter leur succès. "J'ai le souvenir d'une petite fête, rien de plus, car nous rejouions dans nos clubs trois jours plus tard", raconte Kostadinov. Reste quand même la prime de match, quintuplée pour atteindre 50 000 dollars, et la rencontre avec l'attaquant brésilien Romario, officiellement en convalescence à Paris, dans une boîte de nuit de la capitale.
Kostadinov ne le sait pas encore, mais il vient d'atteindre le sommet de sa carrière. En club, il enchaîne les expériences ratées. Un an à La Corogne, où il affirme en couverture du magazine "Don Balon" qu'il vient "chercher le titre" et où, dans les faits, il cire le banc. Deux ans au Bayern, qui lui valent de figurer au Temple de la renommée des flops du club bavarois pour le magazine "11 Freunde" (en allemand). Le seul match où il brille, c'est en finale de la Coupe de l'UEFA en 1996 contre... Bordeaux, où il vient s’essuyer les crampons sur la jambe de Lizarazu et marque un des buts bavarois. Ce joueur technique, rapide, mais avec une mentalité un peu tordue a encore frappé. De fait, chacun de ses transferts, même dans des clubs improbables au fur et à mesure que sa carrière se délite (départ surprise pour les Tigres de Monterrey, une pige à Mayence en D2 allemande), fera l'objet d'une couverture de la presse française jusqu'en 2001. Le traumatisme est encore vif. L'avant-centre raccroche les crampons au changement de siècle, et ce qui reste de la génération dorée du foot bulgare avec lui. S'en suit une décennie dans l'organigramme du CSKA Sofia – trois licenciements, trois retours – sans parvenir à enrayer le déclin du club. Plombé par plusieurs investissements hasardeux (une discothèque, une usine de charcuterie, des courts de tennis…), la star aurait alors complètement dilapidé sa fortune personnelle. Depuis, il a rebondi comme directeur technique auprès des jeunes joueurs dans un pays qui a perdu une grande partie de son savoir-faire en matière de formation avec la chute du régime communiste. Kostadinov affirme aujourd'hui que "nous avons bien aidé la France". Comprendre: sans cet échec, les Bleus n'auraient pas été champions du Monde en 1998 puis d'Europe en 2000. Il ne doit pas avoir tout à fait tort, Emil: les plus grands triomphes se sont souvent construits sur des ruines, mais elles restent éternelles.
PALMARÈS
4ème de la Coupe du Monde en 1994 (Bulgarie)
Vainqueur de la Coupe UEFA en 1996 (Bayern Munich)
Vice-champion d'Allemagne en 1996 (Bayern Munich)
Vice-champion d'Espagne en 1995 (Deportivo La Corogne)
Champion du Portugal en 1992, 1993 et 1995 (FC Porto)
Vice-champion du Portugal en 1991 et 1994 (FC Porto)
Champion de Bulgarie en 1987, 1989 et 1990 (CSKA Sofia)
Vice-champion de Bulgarie en 1985 et 1988 (CSKA Sofia)
Vainqueur de la Coupe du Portugal en 1991 et 1994 (FC Porto)
Vainqueur de la Supercoupe du Portugal en 1990, 1991, 1993 et 1994 (FC Porto)
Finaliste de la Supercoupe du Portugal en 1992 (FC Porto)
Vainqueur de la Supercoupe de Bulgarie en 1989 (CSKA Sofia)
DISTINCTIONS PERSONNELLES
Élu Meilleur footballeur bulgare de l'année en 1993
SOURCES/RESSOURCES
- France TV Info
VIDÉO
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