José Leandro Andrade, la Merveille Noire
photo: ©DR
José Leandro Andrade
Né le 1er octobre 1901 à Montevideo (URU)
décédé le 5 octobre 1957 à Montevideo (URU)
Surnom: La maravilha Negra (La merveille noire)
(Matchs amicaux: 4 sélections)
(Coupe du Monde: 4 sélections)
(Copa America: 11 sélections, 1 but)
(Jeux Olympiques: 9 sélections)
(Copa Lipton: 3 sélections)
(Copa Newton: 2 sélections)
1ère sélection : le 24 juin 1923 contre l'Argentine (0-0)
Dernière sélection : le 30 juillet 1930 contre l'Argentine (4-2)
1920 Miramar Misiones (URU)
1921/23 Bella Vista (URU) 71 matchs, 7 buts
1924/30 Nacional Montevideo (URU) 105 matchs, 29 buts
1931/32 puis 1935 Penarol (URU) 88 matchs, 3 buts
1933 Montevideo Wanderers (URU) 17 matchs
1933 CA Atlanta (ARG) 1 match
1934 Union Talleres-Lanus (ARG) 2 matchs
Bien avant Pelé, il y a eu José Leandro Andrade, "La Merveille noire", champion du monde en 1930 et double champion olympique en 1924 et 1928 avec l'Uruguay, peut-être la première véritable star du football mondial.
Joueur très élégant, d'une grande maitrise technique, ce demi droit est la grande vedette de l'équipe d'Uruguay qui aborde le premier tournoi suprême, chez elle en 1930, auréolée de ses deux titres olympiques de 1924 et 1928. Seul joueur de couleur de la sélection nationale d'un pays d'immigration exclusivement blanche, il fallait qu'il soit sacrement solide pour s'imposer aux yeux de tous. Joueur très fair-play, il renonçait au théâtre que faisaient certains autres joueurs qui se plient en deux ou se roulent par terre après une faute pour obtenir les faveurs des arbitres. Son grand physique, sa souplesse, sa finesse, sa vitesse de dribble et un sens du jeu exceptionnel le classe hors normes.
Un talent vite remarqué puisqu'il honore sa première sélection avec l'Uruguay en 1923 et remporte déjà un premier titre, le championnat sud-américain, l'ancêtre de la Copa America. Aux Jeux Olympiques de Paris en 1924, après avoir étrillé la Yougoslavie et la France, 50 000 spectateurs se pressent dans le stade Yves du Manoir de Colombes, en banlieue parisienne, pour assister au sacre de la Céleste qui bat en finale la surprenante sélection Suisse (3 buts à 0). Avec pour la première fois de l'histoire des JO la participation d'une équipe latino-américaine, le football prend une dimension internationale. La presse française encense "La maravilha Negra", honneur à sa couleur de peau. Une star est née. Après le tournoi, Andrade restera encore plusieurs mois à Paris. Le temps pour l'Uruguayen de goûter aux joies de la nuit parisienne et de côtoyer dans les cabarets Joséphine Baker ou encore Colette. À son retour sur ses terres, il est métamorphosé. Gants de cuir, chapeau, gilet et bottes, le footballeur séducteur n'avait plus grand chose à voir avec l'humble jeune garçon à ses débuts. Un rien débauché, arrogant sur les bords, mais toujours aussi fascinant, Andrade n'a laissé personne indifférent dans la capitale française, comme en témoigne la ferveur qui a accompagnée la tournée de son club du Nacional dans huit pays européens.
photo: ©Popperfoto
Quatre ans après, aux Jeux d'Amsterdam, Andrade et les siens confirment leur statut mais butent sur l'Argentine en finale (1-1). Le match est rejoué, et l'Uruguay s'impose finalement 2 buts à 1. Devenu moins influent dans le jeu – un médecin pense qu'il a contracté la syphilis –, son charisme galvanise ses coéquipiers mais fait vibrer les foules, venues admirer la vedette internationale. Lors de la demi-finale contre l'Italie, Andrade se cogne contre le poteau, et perd une partie de la vision. L'influence de l'Uruguayen sur le terrain ne sera plus la même. Le milieu de terrain participe tout de même à la Coupe du Monde en 1930 à domicile, remporté par la Celeste en battant en finale l'Argentine de Guillermo Stabile 4 buts à 2 au Stade Centenario devant 80 000 spectateurs. Malgré un rendement inférieur, il est élu 3ème meilleur joueur de la compétition et devient l'un des seuls joueurs à remporter "la triple couronne". Andrade prend sa retraite internationale sur cette victoire, après 33 sélections, et seulement trois défaites.
Né à Salto en 1901, comme Luis Suarez et Edinson Cavani plus tard, Andrade est le fils d'un esclave africain réfugié au Brésil et d'une Argentine. La légende raconte que ce dernier avait 98 ans à la naissance de son fils et pratiquait la magie africaine. Plus sérieusement, son père l'aurait bien vu suivre les pas de son frère Nicasio et devenir banquier, mais José Leandro avait d'autres passions à l'époque: le football, la danse et la musique. Très bon joueur de violon et de tambourin, l'Uruguayen pratique le fameux candombe, ces percussions qui rythment le carnaval uruguayen. Il rejoint sa tante à Montevideo et commence à travailler dans les rues de la capitale comme musicien, cireur de chaussures et vendeur de journaux. Il s'intéresse alors au football et intègre le club de Misiones. Très vite, son activité sur le terrain, sa force et sa vision de meneur de jeu font des miracles. Passé notamment par Bella Vista et le CA Peñarol, il remporte un titre de champion d'Uruguay avec le Nacional. Après un détour par l'Argentine, le virtuose du ballon rond est invité également à jouer des matchs avec le Montevideo Wanderers FC en 1933. Après avoir raccroché les crampons, il rejoue de la musique mais vit au-dessus de ses moyens. Il sombre dans l'alcoolisme et se retrouve sous les ponts à Paris puis dans les quartiers populaires de Montevideo. Un journaliste allemand, Fritz Hack, se met à sa recherche en 1956 et le trouve au bout de six jours, vivant dans un sous-sol, complètement éméché et quasiment aveugle. Après avoir contracté la tuberculose, la première étoile du football s'éteint en 1957, à l'âge de 56 ans, dans la misère et dans l'indifférence totale. Mais le nom de José Leandro Andrade reste aujourd'hui encore bien ancré dans la mémoire de millions de fans du football uruguayen. Il est toujours associé à l'âge d'or de l'équipe nationale d'Uruguay et à la première victoire en Coupe du Monde. Aujourd’hui, sa mémoire est honorée de diverses façons. Ainsi, au Stadio Centenario, le grand stade Uruguayen, une plaque est érigée en l’honneur de la perle noire, de celui qui, racontent certaines légendes, aurait inspiré Pelé. En tout cas, ce qui est sûr, c’est qu’il fait partie des joueurs qui ont permis l’émancipation des noirs en Amérique du Sud, comme un Arthur Friedenreich à la même époque.
PALMARÈS
Vainqueur de la Coupe du Monde en 1930 (Uruguay)
Médaillé d'or aux Jeux Olympiques de Paris en 1924 et Amsterdam 1928 (Uruguay)
Vainqueur de la Copa America en 1923, 1924 et 1926 (Uruguay)
Finaliste de la Copa America en 1927 (Uruguay)
3ème de la Copa America en 1929 (Uruguay)
Vainqueur de la Copa Lipton en 1923, 1927 et 1929 (Uruguay)
Vainqueur de la Copa Newton en 1929 et 1930 (Uruguay)
Champion d’Uruguay en 1924 (Nacional), 1932 et 1935 (Penarol)
Vice-Champion d’Uruguay en 1929 (Nacional)
DISTINCTIONS PERSONNELLES
3ème meilleur joueur de la Coupe du Monde en 1930
Élu meilleur joueur de la Copa America en 1926
Nommé dans l'équipe type du tournoi de la Coupe du Monde 1930
DIVERS
- Son neveu Victor Rodriguez Andrade a été champion du Monde avec l'Uruguay en 1950. Tout au long de son parcours, il est souvent comparé avec la "Merveille noire", non seulement du fait de leur ascendance familiale, mais aussi parce qu'ils ont tous joué tous les deux au poste de demi-centre.
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