Ferenc Puskas, le Major Galopant
Ferenc Puskas
Ferenc Puskàs Biro
Né le 1er avril 1927 à Budapest (HON)
Décédé le 17 novembre 2006 à Budapest (HON)
Hongrois, Attaquant, 1m72, numéro 10
Surnom: Le Major Galopant
(matchs amicaux: 58 sélections, 56 buts)
(Coupe du Monde: 3 sélections, 4 buts)
(Coupe Internationale: 15 sélections, 15 buts)
(Jeux Olympiques: 5 sélections, 4 buts)
(Coupe des Balkans: 4 sélections, 5 buts)
1ère sélection : le 20 août 1945 contre l'Autriche (5-2)
(Qualif Coupe du Monde: 1 sélection)
(Coupe du Monde: 3 sélections)
Dernière sélection : le 6 juin 1962 contre le Brésil (1-2)
1943/56 Budapest Honved (HON) 354 matchs, 357 buts
(Championnat de Hongrie: 349 matchs, 358 buts)
(Championnat de Hongrie de D3: 3 matchs, 4 buts)
(Coupe de Hongrie: 11 matchs, 17 buts)
(Coupe d'Europe des clubs champions: 2 matchs, 1 but)
(Coupe Mitropa: 4 matchs, 4 buts)
1958/1966 Real Madrid (ESP) 262 matchs, 242 buts
(Championnat d'Espagne: 180 matchs, 155 buts)
(Coupe d'Espagne: 41 matchs, 49 buts)
(Coupe d'Europe des clubs champions: 39 matchs, 35 buts)
(Coupe Intercontinentale: 2 matchs, 2 buts)
1945/56 Sélection de Budapest: 18 sélections, 15 buts
1949/51 Sélection Universitaire: 5 matchs, 8 buts
1949/56 Autres sélections: 6 sélections, 12 buts
1950/51 Autres tournois: 5 matchs, 2 buts
Légende de la Hongrie et du Real Madrid, Ferenc Puskas a marqué le football de son empreinte grâce à son sens du jeu.
Petit par la taille mais grand par le talent, il restera comme le plus célèbre sportif hongrois du 20ème siècle. Même s'il n'a disputé que la finale de la Coupe d'Europe des Clubs Champions en 1960, Ferenc Puskas reste éternellement associé au grand Real Madrid des années 60 qui s'est adjugé les cinq premières C1, et de son duo avec Alfredo Di Stefano qui fera des étincelles, devenant l’un des premiers grands tandems de l’histoire. Mais avant tout ça, il a d'abord connu une brillante carrière au Honved Budapest de 1943 à 1956, un club passé sous le contrôle de l'armée en 1949 d'où il tire son surnom. Très robuste, Puskas compensait par la puissance de son buste et de ses jambes. Gaucher, il était également adroit de son pied droit, et pouvait enchaîner les mouvements sans perdre sa précision face au but.
Né le 1er avril 1927 dans la capitale hongroise d'un père footballeur d’origine souabe et d'une mère couturière, le paternel décide alors de changer son patronyme afin de mieux s’intégrer dans la société hongroise. La famille Purczeld devient alors Puskas, qui signifie "fusilier", un nom forcément destiné à répandre la terreur. Cette terreur, Ferenc Puskas la sèmera sur les terrains de football. Surclassé dans toutes les catégories, il débute en première division hongroise, en 1943, à l'âge de 16 ans, grâce à une fausse carte d'identité, dans le club d’un quartier de Budapest: le Kispest Athletic Club. Le quartier où il a grandi. Malgré son mètre 72, il s'impose très vite grâce à son sens du démarquage hors normes, parvenant à s’extirper de n’importe quelle défense. L'année de ses 21 ans, il inscrit un chiffre record de 50 buts dans le championnat hongrois. Au total, il va planter 357 pions pour le club rebaptisé Honved Budapest, en 354 rencontres. Et il n’y a pas de complot militaire dans tout ça. Des statistiques ahurissantes qui lui ouvre les portes de l'équipe nationale.
En 1945, il débute par une victoire face à l'Autriche (2 buts à 0), qui marque aussi le début de l'aventure des "Magic Magyars", cette équipe qui s'impose peu à peu comme la référence du football en Europe. Celle qui, avec son style novateur et offensif, crucifie l’Angleterre à Wembley en 1953, 6 buts à 3. Doublé de Puskas (et triplé de Nandor Hidegkuti). C’est la première fois que les Anglais sont battus sur leur propre terrain. Peut-être un accident. Six mois plus tard, la revanche a sonné pour les Anglais. À Budapest, les Magyars infligent un humiliant 7 buts à 1. Rien à dire. Du jamais vu dans l’histoire du football. C’est le début de la grande odyssée hongroise. Deux ans auparavant, les Hongrois avait remporté les Jeux olympiques d’Helsinki. Son seul regret sera sans doute cette Coupe du Monde organisé en Suisse en pleine Guerre Froide. Nous sommes en 1954. Le trio d’attaque Kocsis–Puskas–Hidegkuti transforme les stades suisses en géants baby-foot. Parmi les victimes: la Corée du Sud (9 buts à 0) et la RFA (8 buts à 3). Malheureux, Puskas se blesse à la cheville contre les Allemands. La Hongrie doute… Ses coéquipiers parviennent tout de même à se qualifier pour la finale. Ce sera la RFA. Blessé, il se battra. Un but dès la 6ème minute de jeu et un autre refusé pour hors-jeu ne permettront pas à Puskas d’empêcher le sacre des Allemands qui inauguraient une nouvelle marque de crampons vissés aujourd'hui célèbre, Adidas. Sur un terrain gras et glissant, ça aide forcément. L’Allemagne parle elle du "Miracle de Berne". En 2010, une étude universitaire révèle que plusieurs joueurs allemands avaient consommé de la méthamphétamine, un produit dopant. Curieux miracle. Puskas remporte le trophée de meilleur joueur de la compétition. Même sans ce drame national, la Hongrie honore les siens: ils resteront dans l’histoire comme "le onze d’or hongrois". Cette sélection qui était jusqu’ici sur une série de 32 matchs sans défaite, et qui n'a pourtant rien perdu de ses qualités, continuant à se montrer intraitable après le "miracle". Elle n'a perdu qu'un seul match en six ans, mais ce match perdu reste la finale du Mondial. Même sans Coupe du Monde au palmarès, Puskas est au sommet de l’Europe. Pourtant la suite de la vie de Puskás est semé d'embûches.
Photo: ©DR
Il est en Espagne à Bilbao en Pleine Coupe d'Europe avec le Honved ainsi que sa femme et sa fille lorsque les chars de l'armée soviétique écrase le régime libéral de la Hongrie en 1956. Puskás, comme plusieurs de ses coéquipiers, déserte. Direction l’Autriche pour le Major. Il écope d’une suspension de dix-huit mois demandé par la fédération hongroise à la FIFA pour avoir refusé de rentrer au pays. Le meilleur joueur de l’histoire de la Hongrie se retrouve dans un camp de réfugiés. Privé de travail, il survit avec pour seules revenus des mandats envoyés par son ancien coéquipier Laszlo Kubala, qui joue à Barcelone depuis 1951. Loin du terrain de jeu, Puskas grossit et sombre dans l’alcool. Il n’a plus de glorieux que son passé. Plus personne ne croit en Puskas, excepté un homme: Emil Oesterreicher, son ancien secrétaire financier à Honved. C’est lui qui l'envoie en 1958 au Real Madrid.
Malgré les critiques et quelques kilos en trop à son retour sur les terrains, il s'impose aux côtés des Di Stefano, Gento et autres Kopa et devient le chouchou du public. Âgé de 31 ans, il débute un régime draconien et mettra seulement six semaines pour retrouver la forme qu’on lui connaissait. Le show Puskas peut commencer. Il n'est pourtant pas présent en finale de la Coupe d'Europe des clubs champions en 1959 contre le Stade de Reims à Stuttgart. Le gouvernement allemand avait refusé de lui délivrer un passeport, n'ayant toujours par pardonner à l'ex-Major ses attaques concernant les substances prises par les joueurs de RFA lors de la victoire allemande à Berne. Résultat, l'ami Ferenc garde ça en mémoire et passe ses nerfs un an plus tard à Glasgow sur les pauvres joueurs de l'Eintracht Francfort. Cette finale reste le chef d'oeuvre du hongrois. Il plante quatre buts en même pas trente minutes et plie les allemands (7 buts à 3). Fallait pas l'énerver. Un exploit inédit, jamais réitéré. Pourtant c'est une moyenne presque habituelle pour le "major galopant", qui crée l’exploit d'inscrire 60 buts sur une saison. Un record qui sera dépassé 51 ans plus tard, par l’argentin Lionel Messi. Le génie participera à deux autres finales européennes avec le Real. Deux défaites, face au Benfica en 1962 à Amsterdam malgré trois buts inscrits (défaite 5 buts à 3) et l’Inter Milan en 1964 à Vienne (défaite 3 buts à 1). Vainqueur de cinq titres de champion et quatre fois meilleur buteur de la Liga, il restera comme l’un des attaquants de la meilleure équipe du club désignée à l’occasion de ses 110 ans. L’Espagne admire l’homme aussi talentueux que sympathique.
Naturalisé dans son pays d'accueil, il est appelé en 1962 par le sélectionneur de la Roja pour participer à la Coupe du Monde au Chili. Un échec pour la sélection ibérique, qui quitte la compétition en phase de poule après trois matchs sans réussite, et pour Puskas, qui n’inscrit aucun but. À la fin de sa carrière, l’heure est au bilan pour l’attaquant hongrois. Un but par match: c’est le train qu’il a réussi à suivre avec la Hongrie lors de ses 85 capes internationales, avec 84 pions plantés. Un but est un but. Mais au vu du talent de Ferenc, nous lui pardonnerons ce petit écart.
Sa carrière de joueur s'arrête en 1966 pour laisser place à celle d'entraîneur. Outre ses contrats en Europe, et notamment en Espagne, le Hongrois a dirigé en Amérique du Nord, en Amérique du Sud, en Afrique, au Moyen-Orient et en Australie. À des années lumières de ses exploits comme joueur, Puskas réalise tout de même une performance de taille en hissant le Panathinaikos en finale de C1 en 1971. Après avoir écarté Esch, Bratislava, Everton et le Partizan au but à l'extérieur, il échoue en finale contre l'Ajax de Cruyff à Wembley. Un stade qui lui rappelle tant. En 1993, le Hongrois accepte de coacher la sélection de son pays. Pour quatre rencontres, certes. Mais la boucle est bouclée. Buteur inlassable, symbole d'une époque où les joueurs, quand ils n'étaient pas dégarnis comme Di Stefano, se gominaient les cheveux en arrière, ajoutant l'élégance de leur allure à celle de leur jeu, le Hongrois résume à lui seul l'âge d'or du football. Malheureusement atteint de la maladie d'Alzheimer à la fin de sa vie, qui le contraignait à vendre aux enchères ses précieux trophées pour payer son traitement, l'étoile du foot hongrois disparaît le 17 novembre 2006 à l'hôpital Kutvolgyi de Budapest. Depuis le jour de sa mort, les hommages n’ont jamais vraiment cessé. Une journée de deuil national est décrétée le jour des obsèques dans le stade principal de Budapest rebaptisé à son nom avec les présidents de la FIFA et de l’UEFA, Sepp Blatter et Michel Platini, et même Franz Beckenbauer. Le nom d’une rue de Kispest, avec la présence des mêmes responsables lors de son inauguration. Un prix à son nom, décerné chaque année par la FIFA au plus beau but de l’année. Le petit Hongrois restera dans la mémoire du monde entier comme un buteur hors-norme, et un joueur dont l’histoire est intrinsèquement liée à la dictature communiste d’Europe de l’Est. À Bilbao, Puskas a eu la possibilité de fuir. Même si le risque était grand qu’il ne puisse plus fouler aucune pelouse, il l’a saisie.
PALMARÈS
Finaliste de la Coupe du Monde en 1954 (Hongrie)
Médaille d'or aux Jeux Olympiques d’Helsinki en 1952 (Hongrie)
Vainqueur de la Coupe Internationale en 1953 (Hongrie)
Vainqueur de la Coupe des Balkans des nations en 1947 (Hongrie)
Vainqueur de la Coupe Intercontinentale en 1960 (Real Madrid)
Vainqueur de la Coupe d’Europe des clubs champions en 1959, 1960 et 1966 (Real Madrid)
Finaliste de la Coupe d’Europe des clubs Champions en 1962 et 1964 (Real Madrid)
Champion d’Espagne en 1961, 1962, 1963, 1964 et 1965 (Real Madrid)
Vice-champion d’Espagne en 1959, 1960 et 1966 (Real Madrid)
Champion de Hongrie en 1949/50, 1950, 1952, 1954 et 1955 (Budapest Honved)
Vice-champion de Hongrie en 1947, 1951 et 1953 (Budapest Honved)
Vainqueur de la Coupe d’Espagne en 1962 (Real Madrid)
Finaliste de la Coupe d’Espagne en 1960 et 1961 (Real Madrid)
Finaliste de la Coupe de Hongrie en 1955 (Budapest Honved)
DISTINCTIONS PERSONNELLES
Ballon d’argent en 1960
Élu meilleur joueur de la Coupe du Monde en 1954
Élu meilleur footballeur hongrois de l’année en 1950
Meilleur buteur de la Coupe internationale en 1953 (10 buts)
Meilleur buteur de la Coupe des Balkans des nations en 1948 (8 buts)
Meilleur buteur de la Coupe d'Europe des clubs Champions en 1960 (12 buts) et 1964 (7 buts) (Real Madrid)
Meilleur buteur du championnat d’Espagne en 1960 (26 buts), 1961 (27 buts), 1963 (26 buts) et 1964 (20 buts) (Real Madrid)
Meilleur buteur du championnat de Hongrie en 1948 (50 buts), 1950 (31 buts) et 1953 (27 buts) (Budapest Honved)
Nommé dans l'équipe type du tournoi de la Coupe du Monde en 1954
Nommé au FIFA 100
À reçu l'Ordre du mérite de la FIFA en 1994
Élu "joueur en or" de la Hongrie des 50 dernières années par l'UEFA en 2004
Élu parmi les "légendes" du foot par Golden Foot en 2006
Nommé Officier de l'Ordre du Mérite Hongrois en 1951
À reçu la Croix du Mérite en or de l'Ordre Hongrois en 2005
À reçu l'Ordre du Mérite du travail hongrois en 1953
Nommé Digne athlète de la République populaire hongroise en 1954
Nommé Athlète de la nation de Hongrie en 2004
Nommé Citoyen d'honneur de Budapest en 2001
Élu meilleur athlète hongrois du 20ème siècle
DIVERS
- Parmi les anecdotes de Ferenc Puskas, on peut noter sa popularité au Kispest Honvéd, où il jouait lorsqu'il avait 13 ans : les supporteurs avaient construit une petite marche pour que Puskás puisse enjamber la barrière du centre d'entraînement, situé juste à côté de chez lui, afin qu'il n'ait pas à faire le tour jusqu'à la porte d'entrée.
- Il sort un album en 2007 intitulé "A nevem csak ennyi voli: Ösci...". Le disque contient sept chansons, quatre interviews (Grocsics, Buzánszky, le commentateur György Szepesi et l’épouse de Puskás aujourd’hui décédée) + une composition rétrospective intitulée "Mon nom était Petit Frère".
SOURCES/RESSOURCES
- Le Figaro/So Foot/Entre glace et pelouse
VIDÉO
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