Eusébio, la Panthère noire
Eusébio
Eusébio Da Silva Ferreira
Né le 25 janvier 1942 à Lourenço-Marquès (MOZ)
Décédé le 5 janvier 2014 à Lisbonne (POR)
Surnoms: La panthère noire, La perle noire
(Matchs amicaux: 18 sélections, 11 buts)
(Qualif Coupe du Monde: 18 sélections, 12 buts)
(Coupe du Monde: 6 sélections, 9 buts)
(Qualif Euro: 14 sélections, 5 buts)
(Coupe de l'indépendance: 8 sélections, 4 buts)
1957/60 SC Lourenço Marques (MOZ) 42 matchs, 77 buts
(Championnat provincial du Mozambique: 42 matchs, 77 buts)
1960/75 SL Benfica (POR) 440 matchs, 473 buts
(Championnat du Portugal: 301 matchs, 317 buts)
(Coupe du Portugal: 61 matchs, 97 buts)
(Coupe d'Europe des clubs champions: 64 matchs, 46 buts)
(Coupe des Coupes: 7 matchs, 7 buts)
(Coupe des villes de foire: 4 matchs, 4 buts)
(Coupe Intercontinentale: 3 matchs, 2 buts)
1975 Boston Minutemen (USA) 7 matchs, 2 buts
(NASL: 7 matchs, 2 buts)
1975/76 CF Monterrey (MEX) 10 matchs, 1 but
(Championnat du Mexique: 10 matchs, 1 but)
1976 Toronto Croatia (CAN) 25 matchs, 18 buts
(NASL: 21 matchs, 16 buts)
(Play-offs: 4 matchs, 2 buts)
1976/77 Beira Mar Aveiro (POR) 12 matchs, 3 buts
(Championnat du Portugal: 12 matchs, 3 buts)
1977 Las Vegas Quicksilver (USA) 17 matchs, 2 buts
(NASL: 17 matchs, 2 buts)
1977/78 Uniao de Tomar (POR) 12 matchs, 3 buts
(Championnat du Portugal de D2: 12 matchs, 3 buts)
1978 New Jersey Americans (USA) 9 matchs, 2 buts
(ASL: 9 matchs, 2 buts)
1979/80 Buffalo Stallions (USA) (indoor) 5 matchs, 1 but
(MISL: 5 matchs, 1 but)
Légende vivante du football lusitanien, Eusébio restera sans doute encore pour longtemps comme le plus grand sportif portugais de tous les temps.
Mais c’est avant tout un symbole: celui des liens étroits entre le Portugal et ses anciennes colonies. Né le 25 janvier 1942 d’un Angolais blanc, ouvrier du chemin de fer, et d’une Mozambicaine à Maputo, la capitale, Eusebio da Silva Ferreira grandit dans le quartier historique de Mafalala, haut lieu de la lutte pour l'indépendance. Ce métisse débute sous les couleurs locales du SC Lourenço Marques avec lequel il inscrit la bagatelle de 77 buts en 43 rencontres, remportant en 1960 son premier titre, le championnat provincial de la colonie. Une performance qui ne tarde pas à faire écho aux oreilles de l’empire colonial portugais. Le Benfica lui fait les yeux doux pour ses exceptionnelles qualités techniques et physiques et parvient à recruter le phénomène de 19 ans. Cette arrivée permet de placer enfin le Portugal et plus particulièrement le Benfica Lisbonne sur l’échiquier footballistique, lorsque le pays n’était qu’une enclave rongée par la pauvreté. En effet, lorsque le Mozambique était encore sous domination lusitanienne, il a été le joueur qui a redonné la joie de vivre à un peuple sous l’emprise du régime autoritaire de Salazar. Ce dernier a d’ailleurs sauté sur l’occasion pour faire de ce footballeur de couleur le porte-étendard du rapprochement colonial à un moment ou la contestation grandissait dans le pays. Et ce, même si l’intéressé déclarait qu’il ne répond qu’à une seule politique. "Ma politique, c’est un ballon."
Sur le plan footballistique, il gagne ses galons de titulaire dès sa première saison et réussit d'entrée un triplé qui éclipsera la défaite 6 buts à 3 contre le Santos FC de Pelé lors d’un match amical. De quoi interloquer le Brésilien qui demandera alors à Mario Coluna: "Qui est ce garçon?" La suite, tout le monde l'a connait. C'est bien en 1962 que le félin se fait les griffes grâce à la Coupe d'Europe des clubs champions, et de quelle manière. Eusébio est à l'origine du second sacre continental du SL Benfica grâce à deux des cinq buts de l'équipe benfiquiste sur le grand Real Madrid de Di Stefano et Puskas qui mené 3 buts à 2 à la mi-temps. Les deux pions inscrits en trois minutes pour une victoire 5 buts à 3 ainsi que l’exhibition de luxe qu’il offre aux spectateurs lui feront sa célébrité. Le félin a trouvé ses marques et se transforme en panthère noire. "O Pantera Negra" est né. Eusébio n'a pas encore 20 ans, mais ce doublé inscrit en finale donne déjà une idée de son formidable potentiel. Il avait une vitesse phénoménale ainsi qu’un "Shoot" inhumain. Sa conduite de balle exceptionnelle lui permettait de se jouer de ses adversaires et de délivrer des passes précises dans des postures très compliquées. Doté d’une grande endurance de fond, il pouvait multiplier les accélérations tout en restant lucide, précis et réaliste jusqu’au bout des 90 minutes réglementaires. Terreur des défenses européennes, il brillera près d’une décennie durant dans la compétition-reine des clubs. C'est ainsi que surgissent les cadors comme la Juventus de Turin et l'Inter Milan qui frappent à la porte du magicien. Mais le pays tout entier se mobilise ainsi que le gouvernement afin d’éviter l’exil du plus beau joyau de la couronne Portugaise. Pour cela Eusébio est envoyé au... service militaire afin de calmer les ardeurs des grands clubs européens.
Photo: ©DR
L’apogée de son talent arrive lors du Mondial anglais de 1966, d'abord lors des éliminatoires avec six des neufs buts inscrits pour la première participation du Portugal au grand rendez-vous planétaire, puis au premier tour lorsqu'il terrasse à lui seul le Brésil du Roi Pelé 3 buts à 1, vainqueur des deux éditions précédentes. Au final, il emmène le Portugal jusqu’en demi-finales s'inclinant face au pays hôte l'Angleterre. La défaite 2 buts à 1 à Wembley sera surnommée au Portugal "Jaga das Lagrimas" ("le match des larmes") en référence à la détresse qu'Eusébio ne peut contenir au coup de sifflet final. Meilleur buteur de la compétition avec neuf réalisations, auteur d’un quadruplé en quart de finale face à la surprenante Corée du Nord, il parvient à hisser son pays sur la troisième marche du podium après une ultime victoire contre l'URSS. De quoi faire de lui un héros national. Après le Mondial, les clubs italiens reviennent à la charge avec des arguments encore plus persuasifs que précédemment cette fois même le gouvernement n’y pourra rien... Aubaine! La nouvelle que les clubs italiens ne peuvent plus signer de joueurs étrangers tombe.. et la Panthère Noire reste donc à Benfica. Il continue de porter son club au sommet, enrichissant son palmarès mais ne parvenant pas à remporter de nouveau la C1. Il remporte également, pour la saison 1967-1968, le premier Soulier d'or européen, récompensant le meilleur buteur d'un championnat national, et à nouveau en 1972-1973. Côté sélection, Il en restera le meilleur buteur avec 41 réalisations jusqu'en 2005, alors détrôné par Pedro Miguel Pauleta.
Malheureusement, la carrière d’Eusébio reste marquée par de nombreuses blessures et opérations. Six au genou droit et une au genou gauche. Pour autant il ne s’est jamais arrêté de jouer. L’amour du maillot était tel qu'il a joué plusieurs fois blessés, dans la douleur, trop conscient que l’équipe et les Benfiquistas avaient besoin de lui. Icône lusitanienne, symbole de fidélité, Eusébio restera finalement près de quinze ans au Benfica Lisbonne, avec lequel il remporte onze titres de champion du Portugal avant de s'offrir une préretraite dorée sur le continent américain, un détour au Mexique, à Monterrey, et de se blesser grièvement au genou lors de ses allers-retours au Portugal, à Beira Mar puis à l'Uniao de Tomar, en seconde division. Et dire qu’il aurait dû jouer pour l’autre club de la ville, le Sporting… En effet, le club de ses débuts à Maputo (appelée Lourenço Marques à l’époque) était alors parrainé par les Sportinguistas, mais ce sont bien les rouges et blancs qui ont mis le grappin dessus. La légende raconte même que les dirigeants benfiquistes auraient kidnappé le prodige à l’aéroport afin qu’il signe pour eux plutôt que chez l’ennemi. Si Eusébio a toujours réfuté cette rumeur, elle prouve que, comme pour tous les grands destins, ce joueur hors-normes faisait l’objet de fantasmes.
"Éternel" pour Cristiano Ronaldo, "immortel" selon José Mourinho, il reste un personnage admiré au Portugal, non seulement sur le plan sportif mais aussi humain, où il a apporté ce que les portugais de l’époque espéraient tous. Avec ses origines, Eusébio est devenu le premier grand attaquant issu du continent africain et le premier Ballon d'or de couleur. Malheureusement, il décède le 5 janvier 2014, victime d'un arrêt cardio-respiratoire, à l'âge de 71 ans, qui rendra inconsolables les supporters benfiquistas, ainsi que tout le pays. Après l’annonce de sa disparition, le président portugais Cavaco Silva a décrété trois jours de deuil national, avant de transférer la dépouille du "Rei" au Panthéon le 3 juillet 2015. Car ce n’est pas le foot portugais qui a perdu une simple tête d’affiche, mais bien le Portugal qui pleure une icône à la renommée mondiale.
PALMARÈS
3ème de la Coupe du Monde en 1966 (Portugal)
Vainqueur de la Coupe d’Europe des clubs champions en 1962 (Benfica)
Finaliste de la Coupe d’Europe des clubs champions en 1963, 1965 et 1968 (Benfica)
Finaliste de la Coupe Intercontinentale en 1961 et 1962 (Benfica)
Champion du Portugal en 1961, 1963, 1964, 1965, 1967, 1968, 1969, 1971, 1972, 1973 et 1975 (Benfica)
Vice-champion du Portugal en 1966, 1970 et 1974 (Benfica)
Vainqueur de la Coupe du Portugal en 1962, 1964, 1969, 1970 et 1972 (Benfica)
Finaliste de la Coupe du Portugal en 1965, 1971, 1974 et 1975 (Benfica)
Vainqueur de la Coupe Ribeiro dos Reis en 1964, 1966 et 1971 (Benfica)
Champion des Etats-Unis en 1976 (Toronto Croatia)
Champion du Mexique en 1976 (Monterrey)
Champion de Mozambique en 1960 (SC Lourenço Marques)
DISTINCTIONS PERSONNELLES
Ballon d’or en 1965
Ballon d’argent en 1962 et 1966
3ème meilleur joueur de la Coupe du Monde en 1966
Meilleur buteur de la coupe du Monde en 1966 (9 buts)
Soulier d’or européen en 1968 (42 buts) et 1973 (40 buts) (Benfica)
Meilleur buteur de la Ligue des Champions en 1965 (9 buts), 1966 (7 buts) et 1968 (6 buts) (Benfica)
Meilleur buteur du championnat du Portugal en 1964 (28 buts), 1965 (28 buts), 1966 (26 buts), 1967 (31 buts), 1968 (42 buts), 1970 (20 buts) et 1973 (40 buts) (Benfica)
Nommé dans l'équipe du tournoi de la Coupe du Monde 1966
Nommé au FIFA 100
Ballon d’or portugais pour l'ensemble de sa carrière en 1991
Élu "joueur en or" de ces 50 dernières années du Portugal par l'UEFA en 2004
Élu sportif internationale de l'année par BBC Sport en 1966
Élu footballeur de l’année au Portugal en 1970 et 1973
Élu parmi les "légendes" du foot par Golden Foot en 2003
Prix du mérite PFA du championnat d’Angleterre en 1993
Prix du président de l'UEFA en 2008
Prix du Mérite de la FIFA en 1994
À reçu la Grande-Croix de l'Ordre du Mérite portugais en 2004
À reçu la Médaille d'argent de l'Ordre de l'Infant Dom Henri en 1966
À reçu la Grande-Croix de l'Ordre de l'Infant Dom Henri en 1992
DIVERS
- A l'entrée du Stade de Luz, il y a une statue de bronze à son effigie où il est immortalisé au moment de frapper un ballon.
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