Salif Keita
Photo: ©Alamy
Salif Keita
Salif Keita Traoré
Né le 6 décembre 1946 à Bamako (MLI)
Décédé le 2 septembre 2023 à Bamako (MLI)
Surnoms: "Domingo", La panthère noire
(Matchs amicaux: 4 sélections, 2 buts)
(Qualif Coupe d'Afrique des Nations: 10 sélections, 4 buts)
(Coupe d'Afrique des Nations: 3 sélections)
(Qualif Jeux Olympiques: 2 sélections, 2 buts)
(Qualif Jeux Africains: 2 sélections)
(Jeux Africains: 5 sélections, 3 buts)
1ère sélection : le 15 mars 1964 contre la Côte d'Ivoire (1-1)
Dernière sélection : le 5 mars 1972 contre le Congo (2-3)
1963/64 Pionniers de Ouolofobougou (MLI)
1964/65 AS Real Bamako (MLI) 21 matchs, 8 buts
1965/66 Stade Malien (MLI) 24 matchs, 12 buts
1966/67 AS Real Bamako (MLI) 26 matchs, 15 buts
1967/72 Saint-Etienne (FRA) 185 matchs, 140 buts
(Championnat de France: 151 matchs, 125 buts)
(Coupe de France: 22 matchs, 13 buts)
(Challenge des champions: 2 matchs)
(Coupe d'Europe des clubs champions: 8 matchs, 2 buts)
(Coupe de l'UEFA: 2 matchs)
1972/73 Olympique de Marseille (FRA) 23 matchs, 12 buts
(Championnat de France: 18 matchs, 10 buts)
(Coupe de France: 5 matchs, 2 buts)
1973/76 Valence CF (ESP) 83 matchs, 26 buts
(Championnat d'Espagne: 74 matchs, 23 buts)
(Coupe d'Espagne: 9 matchs, 3 buts)
1976/79 Sporting Portugal (POR) 77 matchs, 34 buts
(Championnat du Portugal: 63 matchs, 32 buts)
(Coupe du Portugal: 10 matchs, 2 buts)
(Coupe des Coupes: 2 matchs)
(Coupe de l'UEFA: 2 matchs)
1979/80 New England Tea Men (USA) 39 matchs, 17 buts
Albert Batteux disait de lui que s’il était né dans un grand pays de football, Salif Keita aurait été l’égal du roi Pelé. Attaquant hors pair, plus jeune international du Mali, il a été l’un des premiers footballeurs africains à s’imposer sur le Vieux continent. Son aisance technique, sa souplesse et sa vivacité enflammait les stades qu'il a côtoyé.
Ce fils d’un modeste camionneur est animé depuis son plus jeune âge d’une folle envie de réussir. Le bambin rêveur intègre le club des pionniers de Ouolofobougou, et y débute en professionnel. Il glane à seulement 16 ans, grâce à ses belles performances, une première sélection avec les Aigles, coaché alors par Ben Oumar Sy. Une seule saison lui suffit pour se tailler une solide réputation auprès des recruteurs de talents des clubs de la capitale. En 1964, il signe pour le Stade malien de Bamako, avec qui il perd la première finale de la Ligue des champions africaine, alors nommée Coupe des clubs champions africains, en 1965 devant les Camerounais de l’Oryx de Douala. Il n’a alors même pas soufflé encore ses vingt bougies. Il cède une nouvelle fois lors de la seconde édition un an plus tard, cette fois avec le Real de Bamako, face aux ivoiriens du Stade d’Abidjan. Mais le jeune prodige récolte tout de même le titre de meilleur buteur de la compétition avec quatorze buts inscrits en huit rencontres et remporte trois titres de champion du Mali avec les "Scorpions". Pourtant, l'attaquant malien reste l’homme sans titre continental puisqu’il doit aussi s’incliner avec son équipe nationale en finale de la Coupe d’Afrique des Nations en 1972, au Cameroun, face au Congo. Sa renommée, Salif Keita la fera en Europe.
Déjà considéré comme une star dans la capitale et dans tout le pays, l’attaquant, déjà aussi complet qu’imprévisible dans le geste, tape dans l’œil de Charles Dagher. Ce Libanais installé à Bamako, grand supporter de l’AS Saint-Etienne, voit en le jeune buteur un crack susceptible d’apporter à son équipe de cœur la puissance et l’efficacité qui lui font parfois défaut dans la surface de vérité. Et de prendre la plume pour alerter les dirigeants stéphanois du talent de Salif Keita. Plusieurs lettres sont échangées, et le président des Verts, Roger Rocher, se laisse convaincre et invite la supposée pépite malienne à venir passer un essai. En novembre 1967, Salif Keita n’hésite pas à quitter clandestinement son pays et part au Libéria à Monrovia pour prendre le premier avion, mais sans prévenir le club de son arrivée... Arrivé deux jours avant la date prévue à l’aéroport d’Orly, il attrape un taxi et lui donne comme adresse "le stade de Geoffroy Guichard, à Saint-Etienne". Le chauffeur s’étonne, l’adresse étant à plus de 500 kilomètres, mais Salif Keita, sûr de lui, affirme que le club paiera la course. Il en coûtera 1060 francs à l'ASSE, une petite fortune à l’époque, qui ne regrettera pas son investissement.
Photo: ©Archives Le Progrès
Doué d’une technique en mouvement hors du commun, d’un sens du but inné, il est rapidement intégré par Batteux dans l’animation offensive des Verts, aux côtés de Rachid Mekloufi, devenant le leader technique d’une équipe qui raflera tout sur le territoire français. La nouvelle recrue débute en championnat le 19 novembre 1967 à Monaco. Il ne lui faut que sept minutes de temps de jeu pour trouver le chemin des filets, une victoire facile à la clé, 3 buts à 0. Le premier d'une longue série pour celui qui deviendra deuxième meilleur buteur du club en championnat, avec 125 buts en 149 matches, pour trois titres de champion de France, un Ballon d'Or africain obtenu devant l’Ivoirien Laurent Pokou et l’Egyptien Ali Abo Greisha et un "Soulier d’argent" (récompense pour le deuxième meilleur buteur européen avec 42 buts sur l’année 1972, finissant derrière le bombardier allemand Gerd Müller). Il sera l'un des détonateurs des épopées européennes qui suivront en inscrivant le troisième but du match retour face au Bayern Munich, alors que les stéphanois avait perdu la première manche 2 buts à 0. Sens de l'équilibre pour lui, du déséquilibre pour ses adversaires. Un ange en dehors de la pelouse, un diable sur le rectangle vert. Il n'épargnera rien non plus à ses coéquipiers. Lors de sa première saison, Georges Bereta parie avec le Malien et promet de cirer ses chaussures à chaque pion marqué. Salif inscrit 12 buts en 18 matches... l'international français le maudit encore. Lors de la saison 1970-71, il plante au total 42 buts, devancé seulement par le Marseillais Josip Skoblar, avec un record qui tient toujours de 44 caramels.
En 1972, il décide de rejoindre Marseille et met fin à son histoire forézienne pour retrouver ses deux anciens coéquipiers Carnus et Bosquier, malgré l’opposition de son président Roger Rocher. Lors de sa première apparition face à... Saint-Etienne, la recrue claque un doublé. Mais la concurrence avec Magnusson est trop forte malgré une complicité extraordinaire avec Josip Skoblar. Il prend alors la direction de l'Espagne et du FC Valence où il évolue durant trois saisons. Lors de sa première année chez les "Chés", le premier africain de Mestalla côtoie la légende Alfredo Di Stéfano, alors entraîneur de Valence. Il jouera également une saison avec Johnny Rep, qui fera, lui, la trajectoire inverse en allant dans la péninsule ibérique, avant de rejoindre plus tard l'ASSE. Après un passage au Sporting, à Lisbonne, avec lequel le premier joueur malien à signer chez les Leões remporte la coupe du Portugal en 1978, il traverse l'Atlantique et rejoint New England Tea Men et la NASL, la ligue pro américaine. Il met fin à sa carrière de joueur deux ans après son arrivée, mais restera cinq années durant aux Etats-Unis afin d'y suivre des cours à la Suffolk University de Boston où il décroche un diplôme de gestion. Il laisse l'image d'un buteur hors pair, mais aussi d'un homme libre qui a pris une part importante dans l'arrivée des meilleurs footballeurs africains dans les grands clubs européens. Lorsqu’il est élu président de la Fédération malienne en juin 2005, Salif Keita devient le premier ancien joueur à accéder ainsi au pouvoir sportif en Afrique subsaharienne. Il restera quatre années à la tête de l’institution avant de la quitter, usé par l’inertie du pouvoir et les jeux politiciens. Décoré par la FIFA en 1996 avec l'Ordre du mérite, la plus haute distinction de l'organisation, un stade porte, depuis septembre 2009, son nom à Cergy-Pontoise. Conscient que le football, c’est la formation des jeunes, l’oncle des deux anciens joueurs pro Seydou Keita et Mohamed Sissoko avait ouvert le Centre Salif Keita en 1994, devenu depuis un club professionnel et une référence au Mali et en Afrique en matière de formation des jeunes footballeurs. Malheureusement, le premier joueur auréolé du Ballon d'Or africain s'est éteint le 2 septembre 2023 à l'âge de 76 ans, dans sa ville natale de Bamako, des suites de complications respiratoires. "La Panthère noire s’en est allée, emportant avec elle un morceau de notre club." Un dernier hommage de Saint-Etienne, dont Salif Keita avait inspiré le surnom de la mascotte, tant ses dribbles ont marqué le Chaudron.
PALMARÈS
Finaliste de la Coupe d’Afrique des Nations en 1972 (finale non-jouée) (Mali)
Finaliste des Jeux Africains de Brazzaville en 1965 (Mali)
Finaliste de la Coupe d’Afrique des Champions en 1964 (Stade Malien) et 1966 (AS Real Bamako)
Champion de France en 1968, 1969 et 1970 (Saint-Etienne)
Vice-Champion de France en 1971 (Saint-Etienne)
Vice-Champion du Portugal en 1977 (Sporting Portugal)
Vainqueur de la Coupe de France en 1968 (finale non-jouée) et 1970 (Saint-Etienne)
Vainqueur du Challenge des Champions en 1968 et 1969 (finale non-jouée) (Saint-Etienne)
Finaliste du Challenge des Champions en 1970 (Saint-Etienne)
Vainqueur de la Coupe du Portugal en 1978 (Sporting Portugal)
Finaliste de la Coupe du Portugal en 1979 (finale non-jouée) (Sporting Portugal)
Vainqueur de la Coupe du Mali en 1967 (AS Real Bamako)
DISTINCTIONS PERSONNELLES
Ballon d’or Africain en 1970
Soulier d’argent européen en 1972 (42 buts) (Saint-Etienne)
Élu meilleur joueur étranger du Championnat de France en 1968
À reçu l’Ordre de mérite de la FIFA en 1996
DIVERS
- Salif Keita est l'auteur d'un sextuplé (6 buts) le 4 Juin 1971 lors du match de championnat entre l'AS Saint-Etienne et le CS Sedan-Ardennes (8 buts à 0).
- Le réalisateur guinéen Cheik Doukouré s'est inspiré de la vie de Salif Keïta pour son film "Le Ballon d'or" en 1994. Dans ce film Salif Keita joue le rôle de l'entraîneur (Karim) qui forme le jeune garçon, futur star du ballon rond. Il a également été conseiller technique sur le tournage.
- Il existe une anecdote célèbre sur son arrivée en France: il a fait le trajet entre l'aéroport d'Orly et Saint-Étienne en taxi. Cette anecdote sera reprise dans une chanson de Monty, issu de l’album "Les Supporters" sorti en 1976 pour encourager Saint-Étienne avant sa finale de C1, dont le refrain est "Taxi ! Taxi ! Emmenez moi à Geoffroy Guichard".
- Le 31 mars 1971 à Colombes, Keita affronte sur le terrain le Roi Pelé lors d’un match amical entre Santos et "une entente ASSE-OM ". Résultat, le Malien vole la vedette au triple champion du Monde en réalisant un énorme match.
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