Paolo Rossi, le banni devenu héros de tout un pays
Paolo Rossi
Né le 23 septembre 1956 à Prato (ITA)
Décédé le 9 décembre 2020 à Sienne (ITA)
Surnom: "Pablito"
(Matchs amicaux: 26 sélections, 10 buts)
(Coupe du Monde: 14 sélections, 9 buts)
(Qualif Euro: 8 sélections, 1 but)
1ère sélection : le 21 décembre 1977 contre la Belgique (1-0)
Dernière sélection : le 11 mai 1986 contre la Chine (2-0)
1972/75 Juventus Turin (ITA) 3 matchs
(Coupe d'Italie: 3 matchs)
1975/76 Côme (ITA) (prêt) 6 matchs
(Championnat d'Italie: 6 matchs)
1976/79 Vicenza (ITA) 107 matchs, 66 buts
(Championnat d'Italie: 58 matchs, 39 buts)
(Championnat d'Italie de D2: 36 matchs, 21 buts)
(Coupe d'Italie: 12 matchs, 6 buts)
(Coupe de l'UEFA: 1 match)
1979/80 Pérouse (ITA) 36 matchs, 14 buts
(Championnat d'Italie: 28 matchs, 13 buts)
(Coupe d'Italie: 4 matchs)
(Coupe de l'UEFA: 4 matchs, 1 but)
1980/82 Suspendu
1982/85 Juventus Turin (ITA) 138 matchs, 44 buts
(Championnat d'Italie: 83 matchs, 24 buts)
(Coupe d'Italie: 24 matchs, 7 buts)
(Coupe d'Europe des clubs champions: 18 matchs, 11 buts)
(Coupe des coupes: 9 matchs, 2 buts)
(Supercoupe de l'UEFA: 1 match)
1985/86 Milan AC (ITA) 26 matchs, 3 buts
(Championnat d'Italie: 20 matchs, 2 buts)
(Coupe d'Italie: 3 matchs, 1 but)
(Coupe de l'UEFA: 3 matchs)
1986/87 Hellas Verone (ITA) 27 matchs, 7 buts
(Championnat d'Italie: 20 matchs, 4 buts)
(Coupe d'Italie: 7 matchs, 3 buts)
Champion du monde 1982, meilleur buteur du Mondial avant d’être sacré Ballon d’Or, Paolo Rossi représentait les deux visages du football italien du début des années 1980.
Du côté sombre, la figure d’un joueur impliqué dans le scandale du Totonero, expression de la corruption mafieuse qui des milieux économiques et politiques a gagné les terrains de football. Du côté flamboyant, un attaquant de grande classe qui a contribué très largement à la victoire de l’Italie avec 6 buts inscrits lors de la Coupe du Monde de 1982 en Espagne et qui est érigé en idole d’une nation à la fierté retrouvée. Né un jour de septembre 1956 à Prato, il fait ses premiers pas de footballeur à au Santa Lucia, un club patronage situé au coeur de la cité industrielle dans sa Toscane natale. À son douzième anniversaire, il intègre Cattolica Virtus, un des meilleurs clubs amateurs de Florence, la grande ville qui aimante tout dans la région. C'est alors à l'âge de 16 ans que Pablo est repéré par la Juventus de Turin qui voit dans cet attaquant aussi efficace que mince un ailier d’avenir. Il débarque dans le Piémont en pleine adolescence mais ses débuts sont marqués par une série de blessures (trois opération au ménisque notamment en 1972 et 1973) qui retardent son éclosion au sein de cette équipe turinoise qui brille particulièrement au début des années 70. En trois saisons dans le groupe pro, il n’a jamais réussi à se faire une place, ne disputant que trois petits matchs de Coupe. À l'été 1975, il est prêté à Côme. La parenthèse sous le maillot bleu clair des Lombards ne mérite même pas d'être évoquée, handicapé encore par des blessures.
Pourtant, les dirigeants turinois continuent d'y croire. Revenu à Turin, le prodige ne rentre toujours pas dans les plans bianconeri. Il est cédé alors en copropriété à Vicenza, un autre club modeste de Série B. Dans la province de Vénétie, Paolo Rossi trouve son cadre idéal et se libère. Il sera boosté par son coach Gibì Fabbri qui repositionne l'ailier en attaquant de pointe. Le début d’une frénésie offensive. Il ponctue la saison 1976-77 par 21 buts, une montée en Série A et un titre de meilleur buteur de D2. Le numéro 9 brille par son sens du but et son sang-froid. Pour sa première saison dans l'élite, il manifeste encore son talent de finisseur et termine la saison 1977-78 encore meilleur buteur du championnat avec 24 réalisations. Là encore, il éblouit le pays en étant le premier joueur élu capocannoniere de Série A et de Série B sur deux années consécutives. Seul Lui et Alessandro Del Piero ont réalisé cet exploit. Le défunt commentateur Giorgio Tosatti avait trouvé la formule juste pour définir Rossi: "La grâce d’un danseur et la froideur impitoyable du toréador. "
Photo: ©DR
Ses qualités et ses performances ne laissent pas indifférent Enzo Bearzot qui le convoque une première fois le 21 décembre 1977 pour disputé à Liège un match contre la Belgique. À la fin de l'exercice, il est appelé pour jouer le Mondial 1978 dont il sera l’une des grandes révélations. Auteur de trois buts (le 1er contre la France à Mar del Plata), il participe au bon parcours de la Squadra Azzurra qui termine quatrième de la compétition après une défaite dans le match de la troisième place contre le Brésil. À son retour au pays, Rossi a totalement changé de statut. Mais la saison qui suit s’annonce catastrophique. En effet, Vicenza est mal au point en Série A et ne confirme pas leur deuxième place de l'exercice précédent. Pire, Paolo se blesse au genou lors d’une rencontre européenne face aux Tchécoslovaques du Dukla Prague. Le natif de Prato joue quand même, inscrit 17 buts, mais ne peut empêcher la descente des Rouge et Blanc en Série B. Pour raison économique, les Biancorossi sont forcés de libérer leur perle rare. À l'inter saison, Rossi rejoint Pérouse pour un nouveau montant record et devient le joueur le plus cher de l’histoire du football italien. Cette fulgurante ascension connaît toutefois en 1980 un violent coup d’arrêt lorsque, sur la base d’un témoignage d’un grossiste en fruits et légumes, Massimo Cruciani, accro aux paris clandestins et qui s’est ruiné en graissant la patte aux joueurs qu’il fréquentait chez un ami restaurateur, l’attaquant vedette est, comme une trentaine d’autres joueurs, impliqué dans l'affaire du Totonero. Le 30 décembre 1979 contre Avellino, Rossi est accusé avec deux autres coéquipiers de s'être partagé 8 millions de lires pour arranger un match nul. Il est condamné à deux ans de suspension de toutes compétitions concernant le football. Il rate l'Euro italien en 1980, où la Nazionale ne termine que quatrième, mais le sélectionneur italien Enzo Bearzot ne l’abandonne pas pour autant.
Quelques mois seulement après son retour à la compétition, le 15 avril 1982, sous les couleurs cette fois de la Juventus qui a été très maline à le faire signer juste avant sa suspension, Paolo Rossi est appelé en équipe nationale afin de participer à la Coupe du Monde en Espagne. Le coach maintient sa confiance malgré des matchs de préparation peu convaincant. Au cours de cette compétition, Paolo Rossi va démontrer son intelligence tactique, son sens du déplacement et son opportunisme devant le but. Avec six buts, il est le meilleur réalisateur du tournoi mais surtout il permet à l’Italie de remporter la compétition. Son triplé dans son style qui le caractérise si bien contre le Brésil de Zico, Sócrates, Falcao à leur apogée et que tout le monde voulait voir triompher, au deuxième tour (3 buts à 2), son doublé dans un Camp Nou plein à craquer face à la Pologne de Zbigniew Boniek (suspendu pour l'occasion) en demi-finale (2 buts à 0) et son ouverture du score en finale face à la RFA (3 buts à 1) font de lui un héros national. Paolo Rossi constitue donc un phénomène, car, pour passer de l'inactivité forcée à la gloire suprême, il faut tout de même réunir un ensemble de qualités assez exceptionnelles. Il est avant tout un attaquant d'affût qui tire le meilleur parti d'une défense et d'un pouvoir de jaillissement remarquable. Un peu à la manière d'un Gerd Müller, d'un Carlos Bianchi ou d'un Delio Onnis. Si vous revoyez ses buts du Mondial, vous vous apercevrez qu'il les a souvent arrachés aux abords de la cage adverse, devant laquelle il rôde, prêt à bondir. Son but en finale, qui le voit se jeter tête baissée sur le ballon, est typiquement "paoliste"! Il est vraiment unique en son genre, dans une spécialité où les phénomènes ne courent pas les rues. Rossi obtiendra le Ballon d'or en fin d'année. De retour à la Juve, en compagnie des Antonio Cabrini, Marco Tardelli ainsi que l'arrivée de Michel Platini durant le mercato estival, "Pablito", surnom affectueux donné au cours de la compétition, étoffe son palmarès. La Coupe d'Italie en 1983, le Scudetto et la Coupe des Coupes en 1984 ainsi que la Ligue des Champions en 1985. Il n’est plus aussi étincelant, mais toujours aussi décisif.
Il quitte Turin durant l'été après cette victoire en C1, pour rejoindre l'ennemi juré du Milan AC. Chez les Rossoneri, la réussite n'est pas au rendez-vous, mais il est tout de même sélectionné pour la Coupe du Monde au Mexique en 1986. Il n'y jouera pas, et terminera finalement sa carrière à Vérone l'année suivante, à 31 ans, en même temps que Platini, son aîné d'un an. De blessures en lassitude, Rossi décide de s'arrêter avant de faire le match de trop. Solitaire, Il quitte le monde du football très rapidement, se consacrant à sa passion, la plongée sous-marine. Il ne sera jamais entraîneur, ni même dirigeant d'un club professionnel. Il nous a quittés le 9 décembre 2020 à l'âge de 64 ans d'une maladie incurable. C'est sa compagne qui a annoncé la nouvelle d'un post sur Instagram avec une photo et deux mots qui résument tout: "Per sempre". Le meilleur joueur de la Coupe du monde 1982 disparaît quinze jours après celui du Mondial 1986, Diego Maradona. Il laissera néanmoins l'image d'un buteur hors du commun, d'un opportunisme doublé d'une humilité probablement jamais égalés encore aujourd'hui.
PALMARÈS
Vainqueur de la Coupe du Monde en 1982 (Italie)
4ème de la Coupe du Monde en 1978 (Italie)
Vainqueur de la Coupe d’Europe des Clubs Champions en 1985 (Juventus Turin)
Finaliste de la Coupe d’Europe des Clubs Champions en 1983 (Juventus Turin)
Vainqueur de la Supercoupe de l’UEFA en 1984 (Juventus Turin)
Vainqueur de la Coupe des Coupes en 1984 (Juventus Turin)
Champion d’Italie en 1982 et 1984 (Juventus Turin)
Vice-champion d’Italie en 1983 (Juventus Turin)
Vainqueur de la Coupe d’Italie en 1983 (Juventus Turin)
Champion d’Italie de D2 en 1977 (Vicenza)
DISTINCTIONS PERSONNELLES
Ballon d’or en 1982
Onze d’or en 1982
Meilleur buteur de la Coupe du Monde en 1982 (6 buts)
Meilleur buteur de la Ligue des Champions en 1983 (6 buts) (Juventus Turin)
Meilleur Buteur du Championnat d’Italie en 1978 (24 buts) (Vicenza)
Meilleur Buteur du Championnat d’Italie de D2 en 1977 (21 buts) (Vicenza)
Élu meilleur joueur de la Coupe du Monde en 1982
2ème meilleur joueur de la Coupe du Monde en 1978
Élu meilleur joueur mondial de l’année par "World Soccer" en 1982
Nommé dans l'équipe type du tournoi de la Coupe du Monde 1978 et 1982
Nommé au FIFA 100
Élu parmi les "légendes" du foot par Golden Foot en 2007
Élu "Champion des Champions" par l'Equipe en 1982
DIVERS
- En août 1990, il est nommé vice-président de l'Associazione Sportiva Pescina Valle del Giovenco, club de 3ème division italienne.
- Paolo Rossi a été candidat aux élections européennes sous l'étiquette de Alliance nationale, parti de la Droite italienne.
- En 2002, il publie son autobiographie "Ho fatto piangere il Brasile".
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